En vos mots 257
Mais que peut bien raconter le journal qui semble captiver les lecteurs peints par Antonio Abellán? S’agit-il de bonnes ou de mauvaises nouvelles? À vous de décider du contenu du journal, à vous de nous raconter les personnages, à vous de faire vivre en vos mots la scène que je vous offre et qui vous appartient pour sept jours. C’est en effet dans sept jours, et pas avant, que seront validés tous vos commentaires, au moment où une nouvelle toile sera accrochée à votre intention.
Puisse la petite scène du jour susciter quelques réactions. D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Ils lisent le journal tout près les uns des autres.
Dans le tram, le métro. Sur un banc dans un parc.
Avidement, ils décryptent et tournent les pages.
Afin d’être au courant de ce qui se passe dans le monde.
Ils veulent savoir ce qu’on joue au théâtre et dans l’obscurité des salles.
Ils veulent être capables d’en parler, ne pas paraître ignares.
Sortir d’un univers qui les tient à l’étroit.
Cependant ils n’accordent, et selon l’ occasion, qu’un regard distrait ou énervé
A la réalité tangible mais gênante de leurs voisins qui dans le même quotidien
Occupent tellement trop d’espace.
Comment by Anémone — 11 mars 2012 @ 10:10
Le dimanche 31 juillet 1993, dans l’après-midi, nous nous trouvions, un ami, mon mari, mon fils et moi, dans les environs de la place du Jeu de Balle, chez un bouquiniste. Il faisait beau et chaud. C’était un magnifique temps d’été.
Quand soudain, notre attention fut attirée par un communiqué lancé par la radio, le roi Baudouin, soixante-trois ans, dont on avait fêté en Belgique les soixante-quarante, c’est-à-dire soixante années de vie et quarante ans de règne, venait de s’éteindre, à Motril, en Espagne, d’une crise cardiaque.
Ce dont je me souviens, de ce temps-là, pêle-mêle: les journaux qu’on se mit à vendre à la criée, pour la première fois depuis longtemps, les arbres généalogiques de la famille royale qu’on publiait dans Le Soir et La Libre Belgique, le deuil en blanc de la reine Fabiola, le rapatriement de la dépouille royale à Melsbroek, le deuil national et les drapeaux en berne, les files immenses dans le Parc Royal, de citoyens souhaitant rendre un dernier hommage à la dépouille mortelle, exposée au Palais Royal de Bruxelles, et mon éloignement précautionneux de la place des Palais. Car je n’aime ni les foules ni la chaleur et je ne suis pas royaliste. Et puis, les funérailles, à la cathédrale Saint-Michel -à cinq minutes de chez moi- José Van Dam, Julos Beaucarne et Barbara d’Alcantara chantant pendant la cérémonie, et puis, enfin… Le silence.
En dépit de toutes les rumeurs qui circulaient sur l’héritage de la couronne (à qui allait-elle échoir?), son frère cadet, Albert, prince de Liège, prend alors la relève et monte sur le trône. Lors de sa prestation de serment devant les Chambres réunies, un député (tombé dans les oubliettes de l’histoire de Belgique et c’est bien ainsi!) Jean-Pierre Van Rossem, crie « Vive la République »… Tout comme le député communiste, Julien Lahaut, l’avait fait, quarante plus tôt, à la prestation de serment de Baudouin Ier, mais l’avait lui, payé de sa propre vie…
Comment by Pivoine — 12 mars 2012 @ 6:58
NOUVELLES INCOMPLÈTES
Reportages politiques
Actualités municipales
Enquêtes régionales
Articles de fond
Sujets à sensations
Évènements artistiques
Informations internationales
Rapports sportifs
Petites annonces
Mais toujours sans nouvelle de toi…
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 16 mars 2012 @ 15:04
Pour tout vous dire, j’avais l’impression de ne pas avoir un souvenir très précis de cette journée-là, mais maintenant que vous en parlez… Je crois que cela devrait être un samedi. J’avais mal dormi cette nuit-là. Je venais d’apprendre que j’étais malade. Que ce serait difficile. Et je n’avais pas encore trouvé le courage d’annoncer la mauvaise nouvelle à Juliette qui, en cette fin de novembre, commençait déjà à rêver de son cadeau de Noël. Mon Dieu que je la trouvais frivole quelquefois.
Il me vient en tête qu’il y avait comme une excitation dans l’air. Des gens se groupaient aux coins des rues. Pour lire des journaux. Je n’y ai pas trop attaché trop d’attention malgré leur air consterné.
Je l’étais moi aussi. Plus que consterné. J’avais déambulé toute la journée. Comment expliquer à quelqu’un qu’on aime qu’on va s’en aller avant de voir grandir ses enfants, avant d’aimer autant qu’on voudrait. Avant de vivre. Qu’on va effacer de nos rêves tous les lendemains promis au bonheur de nos existences. Toutes ces choses qu’on s’est promis de faire. Comment trouver des mots qui disent qu’on ne pourra plus s’aimer parce que le cancer est venu, comme un trouble-fête décider d’un autre destin.
Pour tout vous dire, j’avais l’impression de ne pas avoir un souvenir très précis de cette journée-là. Tout était resté trouble dans mon esprit. Mais maintenant que vous en parlez, j’y repense… Lorsque je suis retourné à la maison, il y avait comme un silence profond, malgré la voix qui sortait de la radio. On aurait dit que le monde était plongé dans une autre dimension. Dans l’arrière-cuisine, Juliette était assise. Immobile. Pleurant de désespoir. Je l’ai regardée apeuré et hésitant. Puis, je l’ai entourée de mes bras, en la rassurant : Ne t’en fais pas, mon ange, ça ira!… Et je me souviens que je l’ai entendue murmurer, entre deux sanglots : Kennedy est mort!… Qu’allons-nous devenir?… Et je n’ai pas trouvé mieux que de lui répondre : Je ne sais pas, mon ange, je ne sais pas…
Comment by Armando — 17 mars 2012 @ 11:29
Dans une ultime tentative désespérée de refouler l’inexorable avancée des iPad, tablets et autres jouets numériques, le grand quotidien espagnol avait promis d’insérer entre ses lignes les numéros gagnants du loto: il s’agirait pour le lecteur attentif de les découvrir à temps pour pouvoir encore valider son billet de participation avant la fermeture.
Jamais, de mémoire d’Espagnol, on ne vit pareille affluence dans les kiosques ni une telle assiduité dans l’épluchage des petites annonces, cours de la bourse et résultats sportifs.
Comment by Adrienne — 17 mars 2012 @ 11:33
JOURNAL
Plus rien n’est une surprise –
Ni le temps, ni la mort,
Ni les tricheurs dans les sports,
Ni les meurtres, ni la crise.
Plus rien n’est inconnu –
Ni les gens, ni la terre,
Ni la haine planétaire,
Ni la faim, ni le mal non avenu.
Plus rien ne nous se cache –
Ni l’horreur, ni l’injustice,
Ni bataille, ni armistice,
Ni courageux, ni lâche, si lâche.
Et pourtant :
Plus rien n’est en gazette
Avant de se lire sur l’Internet.
Comment by joye — 18 mars 2012 @ 8:18
@ Pivoine, Flairjoy, Armando, Adrienne, Joye: Joie toujours, et bonheur particulier de vous lire ici aujourd’hui. Merci! Et merci Lali.
Comment by Anémone — 18 mars 2012 @ 9:21
Je partage ta joie Anémone 🙂
C’est fascinant ces différentes interprétations des tableaux d’En vos mots, toutes plus originales les unes que les autres 😉
Comment by Flairjoy — 19 mars 2012 @ 17:24
Moi aussi, cela me plaît beaucoup… Merci à Lali pour ces « EN VOS MOTS »
Comment by Pivoine — 20 mars 2012 @ 11:45
Vos regards en mots… bien mieux que le journal ! Merci à tous. Merci Lali.
Comment by Chantal — 20 mars 2012 @ 13:00