En vos mots 241
C’est la lectrice de partitions de l’artiste Mariola Bogacki qui a décidé de s’afficher cette semaine afin de vous inviter à écrire. Quelques lignes, plusieurs paragraphes, une seule phrase. Des vers ou pas. Car tel est le but d’En vos mots : écrire à partir d’une toile.
Quels mots suscitera-t-elle? Quelles images évoque-t-elle? Tout cela nous le saurons dans sept jours alors que tous les commentaires seront validés d’un seul coup.
D’ici là, bonne semaine. Et puisse la lectrice de ce dimanche inspirer de nombreux textes!
Désormais c’était acquis. Mon professeur d’histoire était un crétin. On ne pouvait pas plus crétin.
Alors qu’il se perdait dans le long et inutile labyrinthe de l’Histoire pour nous expliquer les travers qui nous ont conduit à une bataille perdue, une de plus, pour moi, l’affaire était simple. Le roi ne voulait qu’assouvir son désir de grandeur, et pour cela il a fait écouler son empire. Qui, de toute manière, était trop grand pour sa ridicule petitesse d’être insignifiant et fou, portant une couronne. Et qu’il fallait tout simplement l’assumer. Sans détour. Et avec honneur. Pour moi, le roi était un con. Purement et simplement. Et cela s’arrêtait là.
Mais pas pour le professeur d’histoire qui voulait épater de sa verve les groupies du premier rang qui le regardaient, les yeux écarquillés, comme s’il était un cousin éloigné de Molière nous expliquant avec une théâtralité ridicule, les recoins superflus de l’Histoire.
Et cela me faisait mourir d’ennui. Un ennui qui me mettait dans un état d’apesanteur. Par peur de devenir con. Comme eux.
Alors jeune homme, m’a t-il lancé, on rêvasse?… On ne s’intéresse guère à mon cours d’histoire?… Je parle pour qui?… Pour les mouches?… Comme d’habitude, monsieur rêve sans doute des filles à poil qui sortent d’un long coma où elles sommeillaient dans les forêts des pages d’un vieux livre crasseux qu’il aurait déniché chez un brocanteur douteux, en croyant que cela avait été chanté par des corsaires sanguinaires dans la mer des Caraïbes ?…
Je le regardais en me disant tout bas qu’il était un crétin. On ne pouvait pas plus crétin. Et sa cour d’idiotes en quête de sensations, qui riait nerveusement à ses remarques, ne valait pas mieux que lui.
Mon sourire était ma seule réponse. Ma meilleure réponse. Et ça le rendait inutile et fou de rage.
Comment by Armando — 22 novembre 2011 @ 11:11
Des mots l’ont transpercée. Des mots écrits l’ont consolée.
Des regards l’ont blessée. Des regards aimants l’ont transportée.
Des livres l’ont aidée à vivre.
Puis des mots, des regards et des écrits ont transformé sa vie.
Comment by LOU — 25 novembre 2011 @ 12:01
DÉCHIREMENT
Elle déchire le cœur des hommes la belle
Elle déchire tout leur envie
Elle déchire le rêve des hommes la belle
Elle déchire leurs pages de vie
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 26 novembre 2011 @ 7:35
LE BOOK ÉMISSAIRE
Rien n’est jamais fini
Sans paperasserie,
Mademoiselle, je regrette,
Même pas votre toilette !
Rien n’est jamais fini
Sans paperasserie,
Le vernudisme, c’est très tendance,
On se met à poil et puis on danse :
Car…
L’histoire n’est jamais finie
Sans paperasserie !
Comment by joye — 26 novembre 2011 @ 18:22
Hologramme
Je vis éphémère, le temps d’un concerto
quand tu poses Beethoven sous le diamant délicat
le violon peu à peu colore mes grains de peau
dessine mes contours et pose sur mon bras
tes longs doigts hésitants qui ensemencent
mes flots conducteurs, particules en suspension,
les ondes diffractées vibrent en cadence
et je t’apparais nue, onirique partition !
Je vis éphémère, le temps d’un concerto
au phrasé de la mélodie, lentement je respire
les accents virtuoses me donnent le tempo
et je meurs au dernier mouvement qui soupire …
Comment by Chris — 27 novembre 2011 @ 7:33
Sortie de la nuit comme un prélude
l’âme nue émergeant d’une partition
Son corps jouait la main sur son sein
Comme un doigt posé sur un clavecin
Mélange divin du son et de la chair
un violon en caresse d’un être cher
Comment by herbert — 28 novembre 2011 @ 4:58
Habiller sa pudeur de pages zébrées de noir, rhabiller son corps frileux de la chaleur du papier, éparpiller les vêtements plissés à l’odeur d’imprimerie, replier le journal du matin et les tristes nouvelles, émerger de l’actualité comme la Vénus du Quattrocento, être l’inspiratrice, la muse, le modèle, la lectrice, celle qui achète le journal le matin et dépose les feuilles dévorées le soir dans la collecte des papiers… Aller-retour de l’information et perfection glacée de la femme saisie entre jour et nuit.
Comment by Pivoine — 19 janvier 2012 @ 6:38