Du Bach et du thé
Il est des souvenirs qui restent. Des moments de bonheur qui nous suivent toute la vie.
Ainsi, ce 28 mars 1988 où autour d’une pâtisserie, au Daphné, salon de thé que je fréquentais à l’époque, j’avais réuni des amis qui fêtaient ce jour-là leur anniversaire. Pascal, le seul ami qu’il me reste de mes années d’université et Annemarieke, mon amie néerlandaise en vacances au Québec.
Bien sûr, nous étions quelques-uns pour fêter les jubilaires, car de tout temps, j’ai aimé mêler mes amis venus de tous les horizons et de toutes les époques de ma vie.
Belle image que cette soirée. Il y avait sûrement du Bach en musique de fond. Mais surtout des gâteaux, du thé et nous tous, qui devisions tantôt en français, tantôt en anglais. Il était question de voyages, de musique, de livres, de la vie, sûrement.
Je n’ai qu’un très vague souvenir de ce qui s’est dit ce soir-là. L’image qui me reste par contre est très précise. Il y a là des gens réunis qui ne se connaissaient pas tous et moi qui les regarde. Et ce bonheur d’avoir été le lien entre eux.
Il m’arrive souvent d’être à même une scène, mais de m’en extraire, comme pour profiter de ce qui passe, pour capter tous les détails. Bien souvent. Comme s’il me fallait quelques secondes ou quelques minutes prendre du recul et voir le résultat de ce moment que j’ai créé.
Tous les 28 mars me vient en tête cette image de 1988. Mais aussi celle de 1985, alors que j’étais à Haarlem, pour l’anniversaire d’Annemarieke. Là encore, il y avait du Bach, un piano, un violoncelle et un violon. Et du thé. Et aussi, des gens qui ne se connaissaient pas nécessairement entre eux pour souligner ce jour.
J’ignore si Pascal et Annemarieke se souviennent avec autant d’émotion de ces moments.
Mais en ce qui me concerne, ils sont inscrits comme d’intenses moments de bonheur.