Sur les dunes
Comme j’aime beaucoup les toiles du peintre belge Theo Van Rysselberghe, je ne pouvais qu’être séduite par celle-ci qui a pour titre Sur les dunes, à Heyst.
Comme j’aime beaucoup les toiles du peintre belge Theo Van Rysselberghe, je ne pouvais qu’être séduite par celle-ci qui a pour titre Sur les dunes, à Heyst.
Quand le monde s’effondre, vous faites le meilleur avec ce qui reste. (Sting)
*toile de Santeri Saloviki
Le petit jour poreux
qui efflue,
réhabite
nos vitreuses pensées
On s’entoge encore une fois
du faux habit de soi-même.
On replâtre le masque d’hier
à ce visage trop frileux
de sa nudité.
On reprend sa vie – pliée
sur un fauteuil
au pied du lit –
comme un vêtement qu’on soigne.
On inventorie la risqueuse
monnaie des paroles qu’il faudra dire,
la trouble marchandise des gestes
qu’il faudra faire
Pour demeurer la dupe
de son signalement.
Et chacun trouve naturel
de n’être pas devenu
un autre.
(Norge)
*toile de Ted Ramsay
Dans l’étrange lumière solaire
Un étrange olivier sommeillait
La cigale au silence rongeait
D’une calme, une égale colère
Et le temps pour toujours semblait faire
De cette heure un cristal solitaire.
Sur une autre planète, est-ce vrai
Qu’il existe des cœurs et des guerres,
Des travaux, des saisons, des palais
Quand ici le néant est parfait
Dans l’étrange lumière ordinaire.
(Norge)
*illustration de Jimmy Liao
Leurre comme tout et tous
mais je goûte quand même
belle,
la belle tentation de dire.
Ô, si confusément tiré des limbes
cérébraux : poème :
poisson un peu étrange
et féerique à travers
les rutilances de l’aquarium
et la cohue de l’eau.
Scintille et sois né!
Or, voici la phrase – illusion optique –
si fièrement et drôlement indigente
et non dite.
(Norge)
*toile d’Anna Tkacheva
Tu giboules, giboulée
Et la terre est roucoulée
De cent mille colombées.
Et la terre est en amour.
Tu giboules, giboulée
Et la terre est fleuronnée
De cent mille cerisaies.
Et la terre est en amour.
Tu giboules, giboulée
Et la terre est baisoyée
De cent mille rayonnées
Et la terre est festoyée
De cent mille bourgeonnées
Et la terre est chatouillée
De cent mille greminées.
Tu giboules, giboulée
Et la terre est jouvencée
De cent mille chansonnées.
Tambour, couleur et bonjour,
Et la terre est en amour!
(Norge)
*illustration de Laura Callaghan
Aimé d’amour
Profond la Loire
Où ce cœur lourd
De ses soifs trouve à boire
Elle épelait
L’eau des voyelles sages
Et l’on parlait
Français dans les feuillages.
(Norge)
*illustration de Yuko Yoshioka
Dans l’eau du temps qui coule à petit bruit,
Dans l’air du temps qui souffle à petit vent,
Dans l’eau du temps qui parle à petits mots
Et sourdement touche l’herbe et le sable;
Dans l’eau du temps qui traverse les marbres,
Usant au front le rêve des statues,
Dans l’eau du temps qui muse au lourd jardin,
Le vent du temps qui fuse au lourd feuillage
Dans l’air du temps qui ruse aux quatre vents,
Et qui jamais ne pose son envol,
Dans l’air du temps qui pousse un hurlement
Puis va baiser les flores de la vague,
Dans l’eau du temps qui retourne à la mer,
Dans l’air du temps qui n’a point de maison,
Dans l’eau, dans l’air, dans la changeante humeur
Du temps, du temps sans heure et sans visage,
J’aurai vécu à profonde saveur,
Cherchant un peu de terre sous mes pieds,
J’aurai vécu à profondes gorgées,
Buvant le temps, buvant tout l’air du temps
Et tout le vin qui coule dans le temps.
(Norge)
*toile de Charles Newman
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur l’illustration de dimanche dernier, je vous propose de vous attaquer à cette scène livresque de l’artiste suédoise Sanna Borell, qui me rappelle mon enfance et le fauteuil à côté de la fenêtre du salon dans lequel je passais des heures à lire.
Aucun texte ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse plus que le temps d’examiner cette image et d’écrire quelques lignes.
D’ici là, bon dimanche à tous et bonne dernière semaine d’octobre!
C’est un pays de montagne,
mettez vos pas dans mes pas,
mes chers amis, soyez purs
soyez fin comme la neige –
on entend siffler déjà
l’ombre d’un hiver futur :
C’est bien plus haut qu’on ne pense,
Vous n’êtes pas seuls, suivez.
suivez- moi; où êtes- vous?
(Ils tombaient sur les genoux)
C’est bien plus qu’on ne pense,
(Pourquoi n’avancent-ils plus?)
C’est un pays de silence.
Celui qui parle est perdu.
(Norge)
*toile de Norman Long