Lali

21 novembre 2011

Les vers de Marceline 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Le dernier rendez-vous

Mon seul amour! embrasse-moi.
Si la mort me veut avant toi,
Je bénis Dieu; tu m’as aimée!
Ce doux hymen eut peu d’instants :
Tu vois; les fleurs n’ont qu’un printemps,
Et la rose meurt embaumée.
Mais quand, sous tes pieds renfermée,
Tu viendras me parler tout bas,
Crains-tu que je n’entende pas?

Je t’entendrai, mon seul amour!
Triste dans mon dernier séjour,
Si le courage t’abandonne;
Et la nuit, sans te commander,
J’irai doucement te gronder,
Puis te dire : « Dieu nous pardonne! »
Et, d’une voix que le ciel donne,
Je te peindrai les cieux tout bas :
Crains-tu de ne m’entendre pas?

J’irai seule, en quittant tes yeux,
T’attendre à la porte des Cieux,
Et prier pour ta délivrance.
Oh! dussé-je y rester longtemps,
Je veux y couler mes instants
A t’adoucir quelque souffrance;
Puis un jour, avec l’Espérance,
Je viendrai délier tes pas;
Crains-tu que je ne vienne pas?

Je viendrai, car tu dois mourir,
Sans être las de me chérir;
Et comme deux ramiers fidèles,
Séparés par de sombres jours,
Pour monter où l’on vit toujours,
Nous entrelacerons nos ailes!
Là, nos heures sont éternelles :
Quand Dieu nous l’a promis tout bas,
Crois-tu que je n’écoutais pas?

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Megan Coyle

Merci Hubert

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 10:22

[…] on a beau le saisir par les yeux, un texte reste lettre morte si on ne l’entend pas. Ces mots, Hubert Nyssen les a écrits dans Éloge de la lecture, livre publié en 1997. Et pourtant, quelque dix ans plus tôt, à l’occasion d’un petit déjeuner avec des libraires montréalais, il me semble qu’il avait déjà prononcé ces mots.

L’éditeur des livres en français de Nancy Huston, de Paul Auster, d’Alberto Manguel, de Göran Tunström, de Cees Nooteboom et de tellement d’autres auteurs dont certains titres sont appelés à devenir des classiques, n’est plus. Il nous a quittés il y a un peu plus d’une semaine en laissant derrière lui un héritage extraordinaire, les éditions Actes Sud qu’il a fondées en 1978 et des livres.

Né à Bruxelles, installé en Provence en 1968, naturalisé français quelques années plus tard, l’éditeur aussi romancier, poète et essayiste, a toujours été fier de ses origines belges. Il avait d’ailleurs reçu le prix Franz Hellens en 1983, été élu membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1998 et fait chevalier de l’Ordre du Mérite wallon il y a quelques mois.

Et moi, à l’heure où il n’est plus, je repense à ce petit déjeuner, à l’homme de passion qui l’avait animé. Et je me dis qu’il nous manque déjà. Les véritables éditeurs sont si rares dans ce monde du livre où certains que je ne nommerai pas publient des livres dont ils n’ont pas lu une ligne et tentent de les vendre comme n’importe quel bien de consommation. Mais s’agit là d’un tout autre débat.

Un éditeur, un écrivain, un homme de passion vient de nous quitter. Mais il ne s’éteindra jamais, comme certaines étoiles de notre ciel littéraire.

Merci Hubert.

*toile de Katie Herzog

Ce que mots vous inspirent 540

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

La bêtise a ceci de terrible qu’elle peut ressembler à la plus profonde sagesse. (Valéry Larbaud)

*toile de George-Daniel de Monfreid

20 novembre 2011

Les vers de Marceline 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

La lectrice peinte par Sharon Casavant n’a pas hésité une seconde. Quand elle va vu les Poésies de Marceline Desbordes-Valmore sur la table, elle n’a pas même pas regardé les autres recueils. Il y a si longtemps qu’elle n’avait parcouru ce magnifique recueil publié chez Gallimard (précédé d’une solide et sensible préface signée Yves Bonnefoy). Trop longtemps. Et c’est émue qu’elle a retrouvé ce texte :

L’amour

Vous demandez si l’amour rend heureuse;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah! pour un jour d’existence amoureuse,
Qui ne mourrait? la vie est dans l’amour.

Quand je vivais tendre et craintive amante,
Avec ses feux je peignais ses douleurs :
Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
Que cette image en paraît moins charmante.

Si le sourire, éclair inattendu,
Brille parfois au milieu de mes larmes,
C’était l’amour; c’était lui, mais sans armes;
C’était le ciel… qu’avec lui j’ai perdu.

Sans lui, le cœur est un foyer sans flamme;
Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez-donc s’il donne le bonheur!

Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse;
Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour;
Souvent enfin la mort est dans l’amour;
Et cependant… oui, l’amour rend heureuse!

Parlez-vous québécois? 10

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:01

Avoir de la broue dans le toupet : en avoir plein les bras, être dépassé par les événements ou les sentiments.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile de Roger Mantegani

Parlez-vous québécois? 9

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:01

Respirer par le nez : se calmer.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile de Jacob Lawrence

Parlez-vous québécois? 8

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 16:01

Prendre une débarque : subir un échec ou être déçu.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile de Diego Bastos

Parlez-vous québécois? 7

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 14:01

Brasser la cage : secouer un organisme, une réunion, un groupe en vue de le déstabiliser.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile de Willem Van Drielemburg

Parlez-vous québécois? 6

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 12:01



Se péter les bretelles
: Irradier de bonheur, surtout s’il n’y a pas de quoi.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile d’Anna Tkacheva

Parlez-vous québécois? 5

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 10:01

Y a rien là : Expression type de ceux qui veulent être et rester cool quoi qu’il arrive.

(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)

*toile de David Burliuk

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