Lali

25 novembre 2011

Les vers de Marceline 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Hiver

Non, ce n’est pas l’été, dans le jardin qui brille,
Où tu t’aimes de vivre, où tu ris, cœur d’enfant!
Où tu vas demander à quelque jeune fille,
Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.

Ce n’est pas aux feux blancs de l’aube qui t’éveille,
Qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
Quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
Saisir déjà l’objet qui t’a dit : « À demain! »

Non! ce n’est pas le jour, sous le soleil d’où tombent
Les roses, les senteurs, les splendides clartés,
Les terrestres amours qui naissent et succombent,
Que tu dois me rêver pleurante à tes côtés :

C’est l’hiver, c’est le soir, près d’un feu dont la flamme
Éclaire le passé dans le fond de ton âme.
Au milieu du sommeil qui plane autour de toi,
Une forme s’élève; elle est pâle; c’est moi;

C’est moi qui viens poser mon nom sur ta pensée,
Sur ton cœur étonné de me revoir encor;
Triste, comme on est triste, a-t-on dit, dans la mort,
À se voir poursuivi par quelque âme blessée,

Vous chuchotant tout bas ce qu’elle a dû souffrir,
Qui passe et dit : « C’est vous qui m’avez fait mourir! »

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Fabio Dudas

C’est la Sainte-Catherine!

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 14:04

Quand j’avais l’âge de la demoiselle de la toile, ma sœur et moi attendions avec impatience la fin novembre. Pas parce que cette date indiquait que les vacances de Noël approchaient. Pas parce que nous aimions la neige, les bonhommes de neige, les tunnels sous la neige et le chocolat chaud après une heure ou deux passées dehors. Mais pour bien autre chose.

En effet, fin novembre, ça voulait dire pour nous, c’est-à-dire ma grand-mère maternelle, ma mère, ma sœur et moi, l’occasion de cuisiner toutes les quatre et de nous amuser. Il me suffit d’ailleurs de fermer les yeux pour revoir la cuisine, la farine sur le plancher et le tablier de ma grand-mère. Il me suffit de fermer les yeux pour nous voir, Monique et moi, étirer la tire de bord en bord de la cuisine en riant. Pour voir ma mère sortir ses ciseaux et ma grand-mère le papier ciré.

C’était l’heure de la tire Sainte-Catherine, une recette de chez nous transmise depuis plus de 300 ans de génération en génération. En voici la recette, tirée de La cuisine raisonnée :

Ingrédients :
1 tasse de mélasse
1 1/4 tasse d’eau bouillante
3 c. à soupe de vinaigre
3 tasses de sucre blanc granulé
1/2 tasse de beurre fondu
1/2 c. à table de crème de tartre
1/2 c. à table de vanille
1/2 c. à thé de bicarbonate de soude (soda)

Préparation :
1. Placer la mélasse, le sucre, l’eau et le vinaigre dans une casserole.
2. Quand le mélange bout, ajouter la crème de tartre.
3. À la fin de la cuisson, incorporer le soda passé au tamis et le beurre fondu.
4. Quand le sirop est cassant dans l’eau froide, le verser dans un plat beurré.
5. Étirer, couper et envelopper dans du papier ciré ou du papier parchemin.

Maintenant, il ne me reste plus qu’à convaincre Monique et maman de faire de la tire l’an prochain…

*dessin de Tani Kristine C. Bocaya

Ce que mots vous inspirent 544

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Quelle que soit l’étendue de notre raison, au-delà se trouve encore davantage pour nous surprendre. [Théodore Roszak]

*toile de Maarten de Vos

24 novembre 2011

Les vers de Marceline 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

J’avais froid

Je l’ai rêvé? c’eût été beau
De s’appeler ta bien-aimée;
D’entrer sous ton aile enflammée,
Où l’on monte par le tombeau :
Il résume une vie entière,
Ce rêve lu dans un regard :
Je sais pourtant que ta paupière
En troubla mes jours par hasard.

Non, tu ne cherchais pas mes yeux
Quand tu leur appris la tendresse;
Ton cœur s’essayait sans ivresse,
Il avait froid, sevré des cieux :
Seule aussi dans ma paix profonde,
Vois-tu? j’avais froid comme toi,
Et ta vie, en s’ouvrant au monde,
Laissa tomber du feu sur moi.

Je t’aime comme un pauvre enfant
Soumis au ciel quand le ciel change;
Je veux ce que tu veux, mon ange,
Je rends les fleurs qu’on me défend.
Couvre de larmes et de cendre,
Tout le ciel de mon avenir :
Tu m’élevas, fais-moi descendre;
Dieu n’ôte pas le souvenir!

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Marc de Jong

Ce que mots vous inspirent 543

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Il n’y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur. (François de la Rochefoucauld)

*toile de Monique de Roux

Le pays de Lali a 2191 jours

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 0:00

C’était il y a six ans…
Je pensais sortir de mes bouquins pour parler uniquement des livres que j’aimais et de certains auteurs.
Je ne savais pas que je parlerais de voyages, de musique et de cinéma. Que je collectionnerais des toiles de lecteurs, que je ferais à nouveau des photos. Que j’aurais envie de partager anecdotes et états d’âme.
Je ne savais rien de tout cela.

Et surtout, je ne savais pas à quel point j’allais aimer me glisser dans la peau de Lali jour après jour.

*toile de Félix Vallotton

23 novembre 2011

Les vers de Marceline 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Dors-tu?

Et toi! dors-tu quand la nuit est si belle,
Quand l’eau me cherche et me fuit comme toi;
Quand je te donne un cœur longtemps rebelle?
Dors-tu, ma vie! ou rêves-tu de moi?

Démêles-tu, dans ton âme confuse,
Les doux secrets qui brûlent entre nous?
Ces longs secrets dont l’amour nous accuse,
Viens-tu les rompre en songe à mes genoux?

As-tu livré ta voix tendre et hardie
Aux fraîches voix qui font trembler les fleurs?
Non! c’est du soir la vague mélodie;
Ton souffle encor n’a pas séché mes pleurs!

Garde toujours ce douloureux empire
Sur notre amour qui cherche à nous trahir :
Mais garde aussi son mal dont je soupire;
Son mal est doux, bien qu’il fasse mourir!

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Pino Daeni

Ce que mots vous inspirent 542

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Pour bien communiquer, ne cherchez pas à faire de « belles phrases », mais efforcez-vous d’écrire avec clarté et concision. (Jacques Bojin)

*toile de Daisy de Puthod

22 novembre 2011

Les vers de Marceline 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

L’attente

Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure
À je ne sais quel poids impossible à porter :
Je sens languir mon cœur, qui cherche à me quitter;
Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.

Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j’écoute… et j’espère immobile;
Et l’on dirait que Dieu touche un roseau débile;
Et moi, tout moi répond : Dieu! faites-le venir!

Quand sur tes traits charmants j’arrête ma pensée,
Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur;
J’ai froid dans mes cheveux; ma vie est oppressée,
Et ton nom, tout à coup, s’échappe de mon cœur.

Quand c’est toi-même, enfin! quand j’ai cessé d’attendre,
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras;
Je n’ose te parler, et j’ai peur de t’entendre;
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l’obtiendras!

Suis-je une sœur tardive à tes vœux accordée?
Es-tu l’ombre promise à mes timides pas?
Mais je me sens frémir. Moi, ta sœur! quelle idée!
Toi, mon frère! … ô terreur! Dis que tu ne l’es pas!

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Joseph-Désiré Court

Ce que mots vous inspirent 541

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Ce n’est que lorsqu’on n’a plus de but dans la vie qu’on est vraiment libre. (Erich Maria Remarque)

*toile signée Henri de Toulouse-Lautrec

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