Lali

14 décembre 2013

Nord perdu 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

au ras de l’épiderme
je tâtonne

étincelles de mes passions
douces à l’oreiller
poésie de la routine
silencieux chagrin

pourtant le bonheur tatoué
sur mon ventre immense
crève les yeux

Marie Dupuis, Le soleil a perdu le nord

*choix de la lectrice de David Dellepiane

La main au collet

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:47

lucie wan

De tout temps, il y a toujours eu des chapardeurs dans les classes. Pas bien méchants. Qui vous subtilisent en douce un crayon de couleur, votre règle ou vos mitaines. Mais le voleur qui a choisi la classe de Lucie Wan Tremblay pour y commettre ses larcins semble avoir une prédilection pour les menus objets et non les plus beaux, les plus brillants et les plus neufs, soit des crayons très, très entamés et des gommes à effacer qui ont fait leur temps. Aucun objet de valeur, quoi. De plus, il agit toujours quand il n’y a pas personne dans la classe qui pourrait le surprendre.

Or, Lucie Wan Tremblay a décidé que ça ne se passerait pas comme ça. De fausse piste en faux espoir, elle finira par mettre la main au collet du voleur… Mais non sans peine, tant elle est convaincue de la culpabilité de l’un, puis de l’autre, alors que le lecteur a, quant à lui, depuis un moment deviné qui dérobe des objets pendant la nuit ou lors des récréations.

Dommage que l’auteur ait semé trop d’indices et laissé ainsi peu de place à l’erreur et au doute. L’idée de départ avait pourtant du bon, à savoir qu’il est facile d’arriver trop vite à des conclusions et d’accuser à tort. Lucie Wan a pourtant quelque chose d’attachant dans son désir de trouver le coupable.

Mais Agnès Grimaud a oublié de faire confiance à ses lecteurs.

13 décembre 2013

Les vers de Guillaume 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Je voyageais sur toi sans m’y percevoir
Nos peaux comme attaches d’une enveloppe utopique
Onde aux échos perméables

Nos mains consentaient à cette dépossession
Nous
Ce lieu sans distance
Où rien ne se possédait plus

Guillaume Bourque, Je deviendrai toujours ce qui reste de moi

*choix de la lectrice signée Heidi Berger

Plus jamais petite

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:58

Plus-jamais-petite

Elle s’appelait Britney. Avant. Il y a longtemps. Avant que son père commette l’irréparable. Avant qu’il la brise et lui fasse promettre de se taire. Avant que sa mère mette la main sur son journal intime et comprenne pourquoi sa fille semble si triste, si différente depuis la naissance de sa petite sœur. Ça n’a rien à voir avec la place qui lui a été usurpée. Ni avec les bouteilles d’alcool de plus en plus nombreuses que laisse derrière lui le père de ses filles.

Elle s’appelait Britney. Comme la correspondante de son père, à une époque où une autre Britney ne brillait pas encore. Mais elle n’a plus de père, à peine un géniteur, duquel il ne reste qu’un prénom qu’elle a du mal à prononcer à l’heure où elle a décidé de mettre fin à ce qui l’unit encore à lui en se rendant à la prison où il purge sa peine.

Elle s’appelle Lucie. Lucie, parce que ça signifie « lumière » et qu’elle ne veut plus vivre dans la noirceur ou dans l’ombre. Elle le lui dira. C’était la dernière chose qui la retenait à lui : le prénom qu’il avait choisi.

Elle s’appelle Lucie et elle est prête à affronter pour la dernière fois cet homme qui a abusé d’elle. Qui n’a rien d’un père et tout d’un monstre.

Elle n’est plus petite depuis longtemps. Aujourd’hui, elle va devenir grande.

Sévérine Vidal signe ici un roman sobre, fort, bouleversant. Qui donnera peut-être le courage à certaines (et certains) de parler. Même si trop de mères, il y a encore peu de temps, ont été des complices et ont incité leurs filles à se taire, ou pire encore, les ont accusées de menteuses. Je pense à deux d’entre elles, dont j’ai été proche il y a une dizaine d’années, à l’heure où elles étaient mères d’adolescents, tout en n’ayant jamais réussi à guérir tout à fait de cet abus.

J’aurais aimé offrir ce livre à leurs filles.

12 décembre 2013

Les vers de Guillaume 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Mes mots veulent décaper l’invisible

Je demeure l’espace blanc entre deux naissances
La page qui croit sans voir

Guillaume Bourque, Je deviendrai toujours ce qui reste de moi

*choix de la lectrice d’Ilia Rubini

Momo écrivain

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:18

premier-roman

Maurice Monette, Momo pour les intimes, sent qu’il a ça dans les gènes. Et encore plus depuis la visite de l’écrivaine Aline Arbour dans sa classe. Rien ne peut plus arrêter Momo de Sinro (Saint-Romain-des-Champs). Il va passer les prochaines vacances à écrire son premier roman et prouver à la planète que lui, Maurice Monette, bien que simple écolier, est capable d’aller jusqu’au bout d’une telle entreprise.

Grâce aux conseils d’Aline Arbour et à la générosité de son voisin, un peintre renommé, qui va acheter un ordinateur pour les besoins de Momo et non les sien, Momo va passer l’été enfermé, occupé à imaginer, à écrire et à peaufiner son roman de moins de 30 pages dont l’action se déroule sur une autre planète, jusqu’à ce qu’il mette le point final. Rêvant déjà pour son roman d’un succès exceptionnel et de le voir traduit dans de nombreuse langues, il devra assez rapidement remettre les pieds sur terre. Le roman est loin d’être mauvais, même s’il est loin d’être un chef-d’œuvre! Et il sera bel et bien publié, à beaucoup moins d’exemplaires que le nombre souhaité par Momo, mais tout de même publié. Ce qui sera l’occasion pour le lecteur de découvrir les différents volets de la naissance d’un livre, de l’écriture à une critique de journaliste.

Avec Premier roman pour Momo de Sinro, François Barcelo signe le neuvième tome des aventures de son jeune héros. Un François Barcelo à l’imagination comme d’habitude fertile. Duquel je conserve un souvenir impérissable. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de passer une journée à la campagne chez un écrivain qui nous reçoit pour un tournage télé… même dans sa Westphalia.

Et je vais vous dire un autre secret : vous allez adorer Momo de Sinro!

Lu dans le cadre du Challenge Le Nez dans les livres – Saison 2

11 décembre 2013

Les vers de Guillaume 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Je perds mes sens en perçant l’inconnu
À nommer les échos de ma chair pensive
Sur le papier d’où le désir devient mémoire

Guillaume Bourque, Je deviendrai toujours ce qui reste de moi

*choix de la lectrice de Connie Chadwell

Jeanne et le père Noël

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:22

jeanne

Si vous prévoyez faire bientôt une visite au père Noël, vous croiserez peut-être Jeanne dans un des nombreux centres commerciaux où ses cousins, oncles, frérots et lui-même ont établi leurs quartiers depuis quelques semaines. Une Jeanne pas très rassurée et pas du tout convaincue que le vieux monsieur à la barbe blanche va trouver qu’elle a été bien sage au cours de la dernière année.

C’est que, voyez-vous, Jeanne a de grandes idées… qui ne demeurent pas des idées. Et qui, quand elles se concrétisent, prennent plutôt l’allure de catastrophes. Pas qu’elle ait voulu mal faire, Jeanne n’est pas comme ça, voyons. Elle est juste un peu maladroite. Sûrement trop aux yeux du père Noël qui va sûrement et définitivement-pour-toujours-et-à-jamais la rayer de sa liste d’enfants sages. Pour sûr. Surtout quand il va découvrir sa plus récente création…

Comme il ne l’a pas fait pour ma sœur, à l’imagination débridée et aux dégâts à répétition dont j’ai souvent endossé la paternité, il m’étonnerait qu’il agisse ainsi.

Un album dans lequel nombre d’enfants et de parents devraient se retrouver. Un peu ou beaucoup. Quant à moi, coup de cœur pour le texte signé Danielle Marcotte et pour le personnage de Jeanne — qui est tout simplement irrésistible. Un peu moins pour les illustrations d’Amélie Montplaisir.

10 décembre 2013

Les vers de Guillaume 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Il y a de moi une part de verbes sans être encore
Le poème n’épuise pas ma chair rêvée

Une vitesse tisse en mon absence
les images inachevables de non-retour

Guillaume Bourque, Je deviendrai toujours ce qui reste de moi

*choix de la lectrice d’Elmar Rixen

La révolte des personnages

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:11

revolte des personnages

Je parie que vous avez toujours cru que la vie des écrivains qui ont consacré leur vie à la littérature jeunesse était un long fleuve tranquille où tout coulait de source. Ne dites pas le contraire, ça sent ces choses-là.

Vous les imaginez au chaud, sans souci, alors que les histoires s’écrivent sans qu’ils n’aient besoin de se casser la tête, pas vrai? Et pourtant, les auteurs ont souvent maille à partir avec le fil des histoires qu’ils inventent. Ou pire, avec leurs personnages.

C’est le cas de l’auteur créé par Gwladys Constant, lequel n’aurait pu imaginer pire chose que ce qui lui arrive, même dans ses cauchemars les plus rocambolesques. Ses personnages, ceux qui ne se font jamais prier pour faire avancer l’histoire, qui se plient à toutes ses fantaisies, qui jamais ne disent mot sinon que dans les dialogues qu’il a écrits pour eux, ont décidé de se révolter et de ne plus suivre l’histoire à la lettre si elle ne leur convient pas.

Le voilà donc aux prises avec les caprices de la princesse, les doléances du meunier, les requêtes de la reines, l’ultimatum du château, celui-ci ayant d’ajouter les siennes aux revendications des personnages, croqués joliment par Kristel Arzur.

L’auteur n’a pas le choix. Il doit absolument faire en sorte de répondre à chacune des demandes qui lui sont faites, sans quoi le livre n’avancera pas. Ce qui donne lieu à beaucoup de fantaisie et à quelques clins d’œil aux contes traditionnels.

C’est simple : La révolte des personnages est un pur régal. Rien de moins.

Lu dans le cadre du Challenge Le Nez dans les livres – Saison 2

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