Mon bonheur au quotidien
Elle tourne les pages presque religieusement. Sa tête est appuyée dans sa main et le temps n’a plus cours. La lectrice de Jacques-Émile Blanche ne se rend même pas compte que la lumière gagne peu à peu la pièce et éclaire de plus en plus le livre. Elle n’est attentive qu’aux mots, qu’aux images que ceux-ci révèlent, qu’au seul bonheur de la lecture. Comme nombre de lectrices. Celles qu’on a peintes et celles que nous croisons.
Voilà un an qu’elles sont entrées dans mes pages. D’abord timidement. Puis régulièrement. Jusqu’à prendre presque toute la place. Parfois, elles me racontent. Le plus souvent, je leur prête des vies à les regarder. Ou je ne dis rien sur elles et je ne fais que les partager.
Et je ne savais pas qu’elles étaient aussi nombreuses. Et je ne savais pas à quel point, de tout temps, elles avaient autant inspiré les artistes. Et je ne savais pas non plus que j’allais trouver des lecteurs pour leur tenir compagnie. Je ne savais que le plaisir de la peinture, que le plaisir de ces toiles dévoilant le lien intime qui lie celle ou celui qui lit au livre.
Et je sais toujours ce plaisir. Ce plaisir de les trouver. Ce plaisir de laisser les toiles parler. Ce plaisir de partager. C’est devenu, je crois, mon bonheur au quotidien.