Lali

25 janvier 2009

En vos mots 94

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Le personnage peint par Dimitris Katsigiannis semble bien affairé. Est-ce un enseignant qui corrige les travaux de ses élèves? Est-ce un journaliste en train de colliger ses notes éparses en vue de préparer un article? Est-ce un écrivain, et si oui, un romancier, un poète, un dramaturge?

Je laisse toutes ces suppositions entre vos mains. Vous pouvez en faire ce que vous voulez et de plus, prendre un autre chemin que celui proposé. Il n’y a jamais de règles ici, il n’y en aura pas plus aujourd’hui.

À vous de nous dire, comme vous le faites semaine après semaine, ce que la toile vous inspire. En vos mots.

4 commentaires »

  1. Yann va avoir dix huit ans. Peu de temps après sa naissance, il perdit son père d’une leucémie foudroyante. Il a toujours ressenti cruellement l’absence d’un père.
    Mais heureusement, un merveilleux grand-père a veillé sur lui. Bon et attentif à son éducation. Ce grand-père n’est pas un poète, non, mais pour lui dire sa tendresse et son amour, celui-ci veut lui adresser de sa main, ce beau poème de Kipling,  » Tu seras un homme mon fils ».
    Après quelques recherches, le voilà bien indécis… plusieurs traductions s’offrent à lui… laquelle choisir ? Mais qu’importe, quelque soit son choix, il sait que son cher petit fils en fera bon usage, car tout jeune déjà, il faisait preuve de courage, de curiosité, d’honnêteté et de générosité.

    Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
    Sans un geste et sans un soupir,
    Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
    Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
    Et , te sentant haï, sans haïr à ton tour,
    Pourtant lutter et te défendre ;

    Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
    Travesties par des gueux pour exciter des sots,
    Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
    Sans mentir toi-même d’un mot ;
    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
    Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

    Si tu sais méditer, observer et connaître,
    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
    Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
    Penser, sans n’être qu’un penseur ;
    Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
    Si tu peux être brave et jamais imprudent,
    Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
    Sans être moral ni pédant ;

    Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
    Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
    Si tu peux conserver ton courage et ta tête
    Quand tous les autres les perdront ;
    Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
    Seront à tout jamais tes esclaves soumis
    Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
    Tu seras un Homme, mon fils.

    Rudyard KIPLING

    http://www.laurent.dureau.fr/2008/08/26/tu-seras-un-homme-mon-fils/
    Peut-être serez vous intéressé(e)s par le commentaire de  » Quadrige  » en bas de page de ce lien…

    Comment by Chantal — 26 janvier 2009 @ 14:28

  2. HAÏKU

    L’écrivain sourit
    Dans un verre d’eau de pluie
    L’oeillet prend son bain

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 27 janvier 2009 @ 7:11

  3. À la lueur d’un faible espoir, le vieil homme dans le noir, traçait des lignes aux couleurs de ses regrets. Il a bien fallu vivre, parfois avec la peur d’exister, puisque la vie nous pousse en avant et qu’elle ne vous laisse plus le temps de choisir celui de vos enfants qui offrira son avenir et sa vie à tous les autres. Parce que c’est une fille. Parce qu’elle est née avant tous les autres. Simplement.

    Le vieil homme savait que quelques années encore et puis le long escalier froid qui descend jusqu’à la mort le conduirait dans un monde où plus personne s’inquièterait s’il avait faim ou froid. Dans un monde où il allait ressasser inlassablement le pourquoi du choix de sacrifier un de ses enfants pour le bien-être des tous les autres.

    Avec la vieillesse, certains souvenirs pèsent tellement qu’on n’arrive plus à soulever ni son cœur, ni son esprit, ni sa tête. Pire. Sa fierté.

    On aurait pu faire autrement. Sans doute. D’ailleurs, on peut toujours faire autrement. Il suffit de fermer les yeux et de se mettre à la place de ceux qui ne peuvent pas choisir et pour lesquels on choisit. Le vieil homme avait pensé. Est-ce que j’aurais aimé qu’on me fasse ce que je lui ai fait?… Il regardait sa décision avec remords et douleurs. La réponse, il la connaissait sans vouloir la murmurer. Il avait trop peur d’entendre ses propres mots. Comme une sentence. Un jugement.

    Les mots sont si difficiles. Tellement difficiles, que les dire nous brûle les lèvres. Les écrire nous brûle les yeux. Mais le moment était venu, qu’il demande la clémence … même s’il fermait les yeux en emportant avec lui ce regard silencieux, d’une vie qui n’a jamais vraiment pu éclore et s’épanouir et à qui il n’aurait, désormais, que quelques mots à offrir :

    « Ma chère et tendre fille,
    ma douleur de cet autre moi-même qui n’a pas su t’aimer comme j’aurais tant aimé être aimé à ton âge… »

    Comment by Armando — 30 janvier 2009 @ 16:14

  4. Non ! Ce n’est pas possible. Je viens de relire le contrat avec le dictionnaire car certains mots sont à double tranchants… Et j’ai lu aussi le bas de page en tout petit…il faut faire très attention aux paragraphes écrits « tout petit » mais avec mes lunettes, rien ne m’échappe.

    Comment osent-ils ? Moi, qui ai toujours payé mon loyer, même en avance…comment osent-ils résilier mon bail ? Je n’y crois pas !

    Demain matin, à la première heure, je serai aux Prud’hommes. Il y a erreur sur la personne.
    Je téléphonerai aussi à la régie pour savoir de quoi il retourne.

    Voilà trente ans que j’habite dans cet appartement. Je n’ai jamais rien demandé à la régie.
    J’ai fait appel à des corps de métiers pour les parquets et les murs et j’ai toujours payé de ma poche.

    A mon âge, on ne peut pas mettre une personne dehors ! Non, non, ce n’est pas possible !

    Dans mon carnet, mes comptes sont à jours, heureusement que j’inscris tout.

    Voilà qui est bien triste pour Gustave. Lui, si intègre, lui, qui chaque matin, ose se regarder dans le miroir, lui, à la conscience tranquille, jusqu’à ce jour où il reçoit une lettre de la régie de « bien vouloir trouver un autre logement pour cause de nombreux rappels sans suite et de non paiements »!

    Cela est sûr, Gustave va passer une nuit blanche. Il ressasse et il ressasse encore les mots de la lettre, vérifie dix fois encore ses comptes. Tout est juste. Il y a erreur sur la personne, je le répète, se dit-il.

    Ah ! A moins que… Tout à coup, Gustave, lui si juste, si honnête se dise ! Mais si le propriétaire veut me mettre dehors, il a sûrement de bonnes raisons !
    Si le propriétaire agit de la même façon avec les autres locataires, il veut certainement refaire l’immeuble à neuf et augmenter les loyers pour les nouveaux locataires…et tout sera bénéfice.

    Je ne vais pas me laisser faire et dès demain j’irai voir les autres locataires et je leur proposerai de signer une pétition !

    Chose dite, chose faite, le lendemain matin. Tous les locataires avaient reçu la même lettre et tous ont signé la pétition. Gustave était content mais pas encore rassuré.

    Il expédia la pétition avec une lettre d’accompagnement à la régie. Deux jours, trois jours, une semaine…enfin, dix jours plus tard, Gustave reçu une lettre du propriétaire. Les mains un peu tremblantes, il ouvrit l’enveloppe

    « Monsieur Gustave R…

    Je vous prie d’accepter toutes mes excuses pour la lettre du……que vous avez reçu.

    Je vous remercie pour votre lettre et la pétition. Cela m’a ouvert les yeux et je me suis dit que si j’étais à votre place, j’aurai agi de la même manière.

    Je vous prie de faire passer le message, vous pouvez rester dans l’immeuble toute votre vie.
    De toute façon, je vais écrire à tous les locataires.

    Voyez-vous, Monsieur Gustave R…, lorsqu’on a eu une vie dorée comme la mienne, certaines choses ne vous traversent pas l’esprit et là, vous m’avez donné une bonne leçon d’humanité et d’humilité !

    Il est vrai, que je voulais modifier l’immeuble, faire de grandes pièces avec des baies vitrées et augmenter les loyers !

    Cette semaine, après avoir reçu votre courrier, je suis resté trente minutes environ, devant l’immeuble.
    Je l’ai regardé sous toutes ses coutures et je me suis dit que cet immeuble avait beaucoup de charme ainsi. Croyez-moi, je n’y toucherai pas. La maison est plaisante et les locataires sont sans histoire. Pourquoi avoir des idées de grandeur ? Pour avoir plus d’ennuis par la suite ?

    Sans votre lettre et votre pétition, Monsieur Gustave R…j’aurai certainement fait une grave erreur. Je l’avoue !

    De plus, j’ai consulté tous les dossiers des locataires et j’ai pu constater que plusieurs d’entre eux avaient rafraîchi leur appartement sans rien demander en retour.

    Je vous donne ma parole, Monsieur Gustave R…que je m’engage à rembourser tous vos frais ainsi que ceux des autres locataires.

    Avec mes respects, je vous prie d’agréer, Monsieur Gustave R…mes cordiales salutations.

    Le Propriétaire XXX

    Gustave n’en revient pas. Il a dû lire trois fois la lettre pour être sûr de ne pas être en train de rêver. Quel cadeau tombé du ciel, pense t-il !
    Je vais annoncer la bonne nouvelle aux locataires.

    L’entente a toujours été cordiale entre eux mais depuis ce jour-là, un brin d’amitié en plus, s’est installé dans l’immeuble…

    Comment by Denise — 31 janvier 2009 @ 10:21

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