En vos mots 295
Alors que viennent tout juste d’être validés les quatre textes signés par certains d’entre vous inspirés par la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose en ce premier dimanche de décembre une autre toile afin que vous nous dévoiliez ce qu’elle évoque. En vers. En prose. En vos mots.
Comme le veut l’habitude, les textes reçus au cours de la semaine pour animer cette scène d’écriture signée Nicoletta Ceccoli ne seront validés que dans sept jours.
Puissent les muses vous accompagner d’ici là!
Le premier souvenir qui me vient en tête de mon grand-père, c’est sa voix. Une voix rauque et puissante. Comme le chant d’une branche sèche sur un arbre lorsque le vent vient la taquiner. Puis son regard. Un regard si particulier qu’on l’aurait dit nostalgique. C’était un regard à la fois petit et fatigué. Affectueux et lointain. Un regard dissimulé derrière un fin voile de tristesse, pour mieux cacher ses blessures. Sans doute.
Je n’ai de lui que des souvenirs de fin du jour. Lorsqu’il prenait le temps de me raconter une histoire, en bruitant la chevauchée des purs sang, en mimant les lapins peureux, en imitant le hurlement du loup dans la nuit ou encore le coassement du crapaud.
Quelquefois j’entends à nouveau mon rire d’enfant. Et il me revient de sentir sa main, puissante et douce, s’attarder avec tendresse sur mon visage. Quelquefois je m’entends le supplier de rester encore un peu. Encore un peu. Juste un peu. Alors il me prenait dans ses genoux, en murmurant des mots rassurants et en me disant, le doigt pointé vers le ciel, qu’il devait aller veiller sur la Lune. Mais c’était un secret, qu’il m’avait fait promettre de garder. Pendant que tout le monde dormait paisiblement, il avait comme mission de veiller sur la Lune. Et je le regardais émerveillée.
Une bise et un dernier câlin, et puis il s’en allait. Le pas lourd et décidé. La tête légèrement penchée en avant et en murmurant des fais de beaux rêves mon petit ange, sans se retourner.
Un jour, en rentrant de l’école, je venais juste d’avoir huit ans, ma grand-mère pleurait d’abondantes larmes. Elle m’a dit que grand-père était parti pour un grand voyage et que je ne le verrais plus jamais. C’est alors que j’ai appris, en écoutant les grands personnes parler de lui, que j’étais la seule à savoir quel était son vrai métier. Veilleur de Lune. Et ça c’était notre secret. Pour toujours.
Comment by Armando — 7 décembre 2012 @ 2:16
Le vent
Dieu que cette lumière est sombre !
Des chevaux s’élancent par monts et par vaux ! De grands oiseaux de neige s’élancent par monts et par vaux ! Dix-mille chevaux soulevant leurs jambes de poussière… et ce Cavalier
A une aile sur le sable du désert, sur les cactées ébranchées, sur la piste qui rougeoie, mais l’autre s’enfuit au jardin des venises. Et les nymphéas, les phragmites, les gunnères
Les jacinthes d’eau aux pétales blanchies s’envolent dans les cieux, au lointain du lacet
Car le vent, celui qui est brûlant, tempête aux lagunes, aux étangs, qui verdoient
Et, décollant des couronnes d’ors et d’argents brodées sur les bures cathedra, tournoie aux appâts des jeunes filles
Par leur beauté sereine, épistolaire, qui monte en l’air, jusqu’aux monts de la mort juste, entre les deux sommets…
Comment by Cavalier — 8 décembre 2012 @ 15:49
PERPLEXE
J’ai lu quelque part : « Les paroles s’envolent mais les écrits restent ». Pourtant ici je vois des écrits s’envoler.
Et puis cette princesse à la grosse tête que le prince sur son cheval noir semble fuir en piétinant la traîne de sa jolie robe bleue.
Non vraiment cette image me laisse perplexe…c’est le contraire d’un conte de fée.
Serait-ce un conte de fuite?!!!…
Comment by Puff — 9 décembre 2012 @ 5:53
Un plaisir de venir vous lire
@Armando une histoire si jolie, touché…
@Puff, oui, une fable racontée moult fois par les cinq plombiers de la Maison Blanche
bon dimanche
🙂
Comment by Cavalier — 9 décembre 2012 @ 10:25