En vos mots 293
Où est-elle? Que lit-elle? Est-elle seule? Attend-elle quelqu’un? Voilà autant de questions pour susciter votre imagination et vous inciter à écrire quelques lignes.
Que ce soit la centième fois que vous participez à En vos mots ou la première, vous êtes les bienvenus. C’est grâce à vous que cette rubrique vit et est devenue pour certains un incontournable.
À vous de faire vivre cette toile de John Lavery. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans une semaine, le temps accordé à tous pour déposer ses mots sans connaître ceux des autres.
J’étais, nous étions en vacances. Simplement là, dans un Palace niçois, au bord de la Méditerranée, et nous étions bien. Nous avions abandonné la Russie et ses glaces pour un printemps plus clément et nous nous attardions, comme souvent.
Plus tard, nous irions dans l’arrière-pays, chez la meilleure amie de Maman, dont la famille, depuis des lustres, cultive les fleurs en grand. Je me souviens que quand l’artiste fit une esquisse, pour ce tableau, je feuilletais un catalogue de parfums, rêvant de lavande, de rose, d’orange douce et de citron. Je combinais des senteurs délicieuses, mais je croyais que jamais, je n’aurais un jour l’occasion de développer cet art.
A ce moment-là, je ne pouvais prévoir la Grande guerre, la Révolution, le renversement de notre souverain, l’exécution des grandes-duchesses, les massacres, la fuite éperue, ni qu’un jour nous nous réfugierions ici…
Ici, au soleil, certes, mais loin, si loin des couleurs fauves, des bouleaux, et des loups de mon pays.
Comment by Pivoine — 18 novembre 2012 @ 18:50
« Où est-elle? Que lit-elle? Est-elle seule? Attend-elle quelqu’un? »
L’immensité de la mer attend son regard mais elle préfère se perdre dans une histoire fictive.
Le trottoir de bord de mer pullule de personnes bien réelles et bien vivantes mais elle préfère découvrir la vie des personnages d’un livre.
Je la regarde… je me pose toutes ces questions… et pourtant elle n’est qu’une forme peinte sur une toile…
Où suis-je?… Qu’est-ce que je lis?… Suis-je seule?…
Qu’est-ce que j’attends?
Comment by Flairjoy — 21 novembre 2012 @ 6:13
Nos existences sont épuisées ou alors embellies par des millions d’instants qui traversent nos vies et nous façonnent à chaque instant. Malgré nous.
Sarah me disait cela. Avec le sourire d’une maitresse des mille et une nuits qui aurait épuisé d’amour, une nuit durant, le plus viril des amants. Pour elle, tout était poème. Tout était printemps. Tout était la vie qui jaillit pétillante comme un feu d’artifice qui illumine la nuit la plus sombre. Pour elle, chaque instant était le maillon qui liait deux instants. Le précédent et le suivant. Comme si chaque espace était rempli de quelque chose d’unique. Sans jamais connaître le vide.
La mort, les déceptions, les désamours, mes abandons, les échecs, la solitude, ma tristesse ou bien la joie, n’était que des choses nécessaires à tisser une vie. Et Sarah les prenait tel quel. Même si les larmes venaient quelquefois la noyer dans le silence.
Et puis, elle avait ce moment dans la journée où, malgré la douleur, la tristesse, ou les larmes, où tout semblait ne plus avoir d’existence. C’était comme un rituel. Une prière. Sarah plongeait dans ses lectures. Et voyageait, pour quelques heures, dans un monde que ne la blessait jamais.
Comment by Armando — 24 novembre 2012 @ 9:09
Le long des golfes d’ors
Aux villas, l’estran sur la plage, et le balcon aux diseurs de cartes. Et pour d’autres, les voiliers sous le vent, le long des golfes d’ors, et ces couleurs ! Ces couleurs qui clignent les yeux, au-delà de la baie, à la soif, sur ces troncs palmés au droit du midi. Sur ces feuillages enchanteurs qui disent le soleil, le désert, aux marins, à l’étanchement.
Ce balcon, à la promenade suspendue, est à toi, et ta jeunesse n’a pas de bornes.
Tu regardes bien ce sable anglais, qu’on t’a appris à redire. Tu as compté bien d’autres choses, de celles qu’on ne voit qu’au-dessus de la mer, et d’autres disparues, et d’autres qui sont des mirages. Et ni les plombiers lestés aux écoutes, ni l’ombrelle du récif, ni la page collée à l’écume blanchie, devant la digue de pierre, par grand vent, ne perdent leurs saveurs.
Alors, toi, tu lis, et les troncs jaillissent sur la jetée des golfes d’ors…
Cavalier
Comment by Cavalier — 24 novembre 2012 @ 9:16
Bienvenu à Cavalier. Bon dimanche à tous.
Comment by Pépé de Séville — 25 novembre 2012 @ 8:29