Rire parfois jaune, mais rire tout de même
Jamais le quartier Saint-Henri ne sera plus présent que dans Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy quand il est question de fiction et que dans Occasions de bonheur à St-Henri du notaire Maurice Proulx, quand on parle de souvenirs.
Le titre accrocheur choisi par Daniel Grenier pour réunir ses nouvelles laissait croire que ce quartier où il a atterri il y a quelques années, après un long séjour dans le 450, serait omniprésent dans Malgré tout on rit à Saint-Henri. Ce n’est pas le cas. Il y a bien quelques clins d’œil ici et là, au fil des anecdotes que nous livre l’auteur. Des noms de rues sont mentionnés. Le très beau parc Sir-George-Étienne-Cartier, autant méconnu par ceux qui habitent hors du quartier que chéri par ceux qui le fréquentent, est présent, tout comme le marché Atwater.
Mais les lieux comme l’esprit du quartier m’ont semblé plus absents que mis en évidence. Cela n’enlève rien à ces nouvelles que nous offre Daniel Grenier, lesquelles forment un tout hétéroclite, l’auteur passant avec un certain bonheur d’un accent et d’un niveau de langue à l’autre.
C’est à une galerie de personnages colorés faisant face en alternance à des situations hors de l’ordinaire ou des plus banales que nous convie ce recueil, qui s’ouvre sur une histoire mettant en scène un lecteur qui m’a paru familier et qui le sera pour tout libraire (ou ex-libraire) qui a eu dans sa clientèle un dévoreur de titres de psycho pop. Autrement dit, un excellent début!
Même si les nouvelles n’ont pas toutes les qualités de la première, pas plus qu’elles ne provoquent le même effet sur le lecteur, chacune propose un regard de biais qui met en évidence le côté parfois insolite de certaines situations. Cela m’a plu, tout comme la façon de raconter de l’auteur dont la plume alerte a été remarquée alors qu’il n’avait que 18 ans. Il a en effet reçu en 1999 le Grand Prix Bruno-Roy-COOP du cégep André-Laurendeau pour son court essai sur la littérature québécoise, lequel a été publié dans XYZ. La revue de la nouvelle. Trois ans plus tard, il y publiait une nouvelle qui a été remaniée depuis et intégrée à Malgré tout on rit à Saint-Henri.
Le premier recueil de Daniel Grenier, sans être parfait ni uniforme, possède déjà un souffle et un ton qui devraient se faire une place dans la littérature de chez nous.
Saint-Henri est un quartier inspirant. Jean Pelchat et Martyne Rondeau y habitaient eux aussi au moment de la parution d’un premier recueil de nouvelles pour l’un et d’un premier roman pour l’autre. Puisse celui-ci continuer à inspirer Daniel Grenier qui l’a mis à l’honneur dans quelques-unes de ses nouvelles.
Rire jaune?… vraiment les Chinois sont partout!…
Comment by Armando — 17 septembre 2012 @ 23:42