Un premier recueil loin de la légèreté
Hélène Ferland, même si elle n’avait publié que quelques nouvelles en revue avant la parution d’Une nouvelle chasse l’autre, maîtrise le genre. Une trentaine de nouvelles sont donc réunies ici au moyen de deux fils conducteurs, à savoir un élément de la nouvelle précédente qui se retrouve dans celle en cours (un enfant, la mort, l’eau, la maladie, par exemple) et des citations extraites de Carnets du méditant de Salah Stétié en tête de chaque nouvelle.
Situations étouffantes, personnages mal dans leur peau, blessés ou blessants, ainsi pourrait-on résumer ce recueil qui n’a rien de léger et qui met de l’avant tout ce qu’on préfère ne pas voir ou savoir, détails pourtant qui finissent toujours par arriver jusqu’à nous, d’une manière ou d’une autre. Relations troubles, parfois sans issue, personnages confrontés à leur destin, qui n’ont d’autres solutions que leur propre sortie, voilà une autre façon de dire en peu de mots ce qui se dégage du premier recueil de nouvelles d’Hélène Ferland.
Il va sans dire que ces nouvelles ne peuvent se lire d’un trait, qu’il faut faire de petites pauses ici et là pour éviter que la souffrance et le mal de vivre qui tissent la plupart des nouvelles ne s’approprient de soi. Mais cela, vous l’aurez déjà compris.
De plus, à mes yeux, deux nouvelles se démarquent des autres, « Accompagnement » et « Le temps d’un mouvement », lesquelles mettent toutes deux de l’avant des musiciens. Mais cela n’enlève rien aux autres, qui ont toutes un petit quelque chose qui nous incite à penser que l’auteure risque de nous étonner encore, tant elle a d’histoires dans la tête (et j’ose espérer, dans ses tiroirs ou en cours d’écriture) et parce qu’elle sait ne pas les étirer à outrance, ce qui a l’heur de me plaire.