En vos mots 248
Ce n’est pas en déménageant mes pénates et en m’affichant sous un nouveau nom que j’allais perdre une habitude qui est devenue au fil des ans presque une institution. Pour mon plus grand plaisir, d’ailleurs. En effet, c’est chaque fois un grand bonheur de lire vos mots, de découvrir ce que vous avez pu imaginer à partir d’une toile d’où celui aussi d’en dénicher une qui sera en mesure de vous inspirer une histoire, un poème, voire une seule phrase.
C’est pour ces raisons que j’ai choisi pour ce dimanche une scène livresque qui fait un clin d’œil à la peinture, puisqu’il peint tandis qu’elle lit. Une scène signée Nataliya Tretyakova, qui va attendre patiemment vos mots au cours des sept prochains jours. En effet, aucun commentaire ne sera validé avant l’accrochage d’une nouvelle toile dimanche prochain.
Puisse cette scène inspirer de nombreux envosmotistes. Novices ou aguerris.
Bon dimanche et bonne semaine à tous!
« Le sais-tu vraiment? »
Le studio s’est inondé de lumière à cet instant pour marquer l’importance de sa réponse. Elle lui tendait son visage, le souffle paisible. Elle savait déjà qu’il ne savait pas. Durant les secondes de son hésitation – ou était-ce des minutes?-, elle examinait la calme ancré dans sa poitrine.
La décevait-il ici? Se souciait-elle vraiment de son manque d’attention? Qu’attendait-elle de lui?
Mais rien justement. C’était tout ce qui lui plaisait de ne rien attendre et qu’il n’attende rien en retour. La beauté d’un amour d’après midi, caché sous la lumière blanche. Une délicieuse interdiction bohème au coeur de sa vie d’obligations. Ce n’était que cela et c’était tout ce qu’elle voulait.
« Alors, mon artiste, le sais-tu vraiment, de quelle couleur sont mes yeux? »
Comment by Lune — 8 janvier 2012 @ 19:11
– Plus je te regarde et plus j’ai envie de te peindre…
– Seulement de me peindre?
Comment by legranch — 9 janvier 2012 @ 4:01
Je me suis aperçu que j’avais le sourire aux lèvres lorsque je me suis rendu compte que nous étions vendredi. Je crois que c’était le second vendredi de janvier. Le ciel était bleu. Et le calendrier arborait fièrement le chiffre 13.
Cécile s’est arrêtée pour me taquiner à propos de mon sourire. Le beau sourire du vendredi, comme elle l’avait appelé. Je n’ai pas réagi. Comme je le faisais d’habitude. Je m’étais tellement habitué à ce que les gens se donnent les réponses qu’ils souhaitent que j’ai depuis longtemps cessé d’y ajouter les miennes. C’est mieux ainsi. Et puis les gens prennent toujours le sourire pour une attention positive à leur égard. Alors qu’il n’est la plupart des fois qu’une défense. Un refuge. Une timidité. Une bonne manière d’échapper à un dialogue inutile et sans issue.
Cécile est partie satisfaite et avec la certitude d’avoir compris mon sourire.
Moi, je me suis laissé emporter par la nostalgie d’une après-midi d’automne où Elisa m’avait confié son dédain par toutes ces superstitions et autres sottises de l’esprit. C’était un vendredi 13. Et lorsqu’en guise de provocation je lui murmuré « tu ne crois vraiment à rien, alors… », elle m’a répondu « si, à la tendresse de tes lèvres ».
Comment by Armando — 13 janvier 2012 @ 10:21
Notes de mise en scène
L’ENJÔLEUR
Bel homme sans le sou
Allure assurée et assumée
Paroles irrésistibles et flatteuses
Regard attentif au but inavoué
Conscient de son charme
Menteur, tombeur et libertin
Passera à une autre dans l’heure qui vient
L’ENJÔLÉE
Ni jeune ni belle
Autonome financièrement
Petit air hautain un peu sévère
Faisant semblant de ne pas y croire
Mais se laisse prendre au jeu
Tombe dans le panneau
Restera blessée avec l’intention bien arrêtée de ne plus jamais s’y laisser prendre
CASTING
Faire venir tous les beaux acteurs enjôleurs
Leur faire croire d’être très intéressé par leur prestation
Attendre plusieurs semaines avant de leur donner une réponse
But inavoué: aucun d’entre eux n’aura le rôle
Comment by Ellia Gouté — 14 janvier 2012 @ 7:42
« Baise m’encor, rebaise moy et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise.
Las, te pleins tu ? ça que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l’un de I’autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :
Tousjours suis mal, vivant discrettement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie. »
Dans un murmure, elle vient d’achever la lecture du poème de Louise Labbé.
Ses tempes battent à en éclater. La chaleur de son bras s’unit la sienne. Comme tu es belle ma chérie !
Comment by LOU — 14 janvier 2012 @ 17:01
Avec des mots
Peindre, peindre avec des mots
et mettre en couleurs les paysages
qui se dessinent sur ta peau
terres dorées et ciels sauvages
Peindre, peindre avec mes mots
les vagues du désir qui s’invite
rouge sur tes reins, or sur ton dos
dans l’éclat du matin qui palpite
Dans la moindre volute de la toile
nos âmes ouvertes comme un livre
dans chaque mot que l’amour dévoile
Lire enfin, nos lendemains à vivre !
Comment by Chris — 15 janvier 2012 @ 7:53
« En Europe… » dit-elle, « En Europe, regarde le livre d’esquisses que tu as reçues de tes amis. En Europe, crois-tu que tu trouverais l’oasis artistique dont tu rêves? Les boutiques de couleurs? Les séances en Académie? »
« En Europe? Qu’importe? Je ne peins pas pour gagner ma vie. Je ne peins pas pour être célèbre. Je peins parce que j’aime cela, parce que tu es belle, parce que j’aime tellement mon pays que je ne pourrais le quitter. Je t’aime parce que, pour moi, tu incarnes « La » Russie, « Ma » Russie. Et je ne pourrais vivre sans vous…
Pour tout le soleil et la chaleur du monde…
Comment by Pivoine — 15 janvier 2012 @ 11:46