Les six maisons de Maurice Henrie
… j’ai vécu toute ma vie à partir de cet enchevêtrement d’éléments innombrables et disparates, qui m’ont aiguillé dans telle direction hier, qui me prescrivent telle orientation aujourd’hui et qui me feront bifurquer demain dans je ne sais quelle autre voie, écrit Maurice Henrie à la fin d’L’enfanCement, un recueil de récits paru cet automne aux éditions Prise de parole pour exprimer l’importance des six maisons auprès desquelles le jeune garçon est devenu un homme.
Dans ces récits où il les présente chronologiquement et les décrit, on sent beaucoup de tendresse de la part de celui qui a publié il y a plus de vingt ans La chambre à mourir, un recueil réunissant 43 nouvelles qui se déroulent dans les années 60, soit peu après les dernières scènes évoquées dans L’enfanCement, puisque le livre se ferme sur la maison que l’auteur quitte pour aller à l’université.
L’auteur n’a rien perdu de son sens des descriptions en vingt ans. Il n’a rien perdu de son regard aiguisé et sensible, et a cueilli au fond de ses souvenirs les plus marquants, les plus pittoresques. Ce qui nous donne un très beau livre. Que dis-je, un très, très, très beau livre qui dresse le portrait d’une époque bien précise (les années 40 jusqu’au milieu des années 50) aux confins d’une région où s’entremêlent l’ouest du Québec et le nord de l’Ontario.
Personnages haut en couleur et situations faites des petits riens de la vie qui prennent ici tout leur sens (une nouvelle bicyclette, la mort d’un rouge-gorge, les visites de la parenté, etc.) sont les ingrédients de ce recueil de Maurice Henrie. Et tandis que je dévorais chacune de ces tranches de vie, je repensais à l’écrivain, au moment de la sortie de son premier livre. Je repensais à une entrevue réalisée avec lui à la radio de Radio-Canada alors que j’animais En toutes lettres pendant le congé de maternité de son animatrice. Je le revoyais assis à mes côtés, j’entendais sa voix, je le voyais sourire, comme si les années n’avaient pas eu prise sur nous. Ses nouvelles histoires avaient le même effet sur moi que ses premiers écrits. J’étais attristée, puis je souriais : je traversais toute la gamme des émotions.
Un livre à offrir et à s’offrir sans hésitation. Pour les petites histoires que Maurice Henrie a tissées avec le soin qu’on lui connaît et qu’on apprécie.
Très tentant!Je cours à la biblio……
Tourlou!
Comment by claire fo — 11 novembre 2011 @ 7:32