Les vers de Louise Labé 4
La lectrice peinte par Giacomo Ceruti est restée longuement songeuse après sa lecture des poèmes de Louise Labé. Particulièrement après la lecture de celui-ci qu’elle a eu envie d’apprendre par cœur :
Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l’heur passé avec toi regretter,
Et qu’aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre;
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter;
Tant que l’esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d’amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.