En vos mots 30
Et c’est chaque semaine la valse hésitation à l’heure où il faut installer la toile de la semaine, celle qui saura vous interpeller pour que vous la racontiez à votre manière. Et c’est chaque semaine tous ces tableaux qui me supplient de les choisir pour vous les offrir. Et si je ne change pas d’idée cinquante fois, je ne change pas d’idée une seule fois.
Mais cela fait partie du jeu tout comme de l’aventure qui n’existerait pas sans votre imagination.
Le lecteur de poésie de Beryl Cook vous livrera-t-il un poème ou son histoire? C’est à vous de décider. À vous, surtout, de vous amuser. Car En vos mots est et sera toujours à vous, comme le sont aussi Vos traces et Ce que mots vous inspirent.
Bonne semaine à tous!
Chaque dimanche, ce papa et grand-papa Jean aimait bien recevoir ses enfants et petit-enfants.
Il leur mijotait de bons petits plats préparés avec amour.
Ensuite, tout ce petit monde passait au salon. Grand moment de bonheur car Jean aimait raconter les histoires et lui seul savait les raconter. Ils étaient toute ouïe et on aurait pu entendre une mouche voler.
Voilà, dit-il, aujourd’hui, je vais vous raconter le début du « Petit Prince ».
« Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toutes les terres habitées.J’étais plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait :
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton !
J’ ai sauté sur mes pieds comme sij’avais été frappé par la foudre.J’ai bien frotté mes yeux.J’ai bien regardé. Etj’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toutes les régions habitées. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis :
– Mais… qu’est-ce que tu fais là ?
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse :
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton.
Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince. »
(Antoine de Saint-Exupéry)
Comment by Denise Rossetti — 6 novembre 2007 @ 15:29
LE POÈTE ANONYME
Un poète sans nom
S’engouffre dans ses vers;
L’auditoire s’y perd
Mais reste en pamoison.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 8 novembre 2007 @ 7:13
Le soleil d’octobre était heureux, perdu dans l’immensité du ciel bleu. À croire que l’automne au Portugal ressemble à tant d’étés ailleurs.
J’étais parti de Lisbonne, direction Evora. Il y avait très peu de monde sur la route. On était bien samedi matin. Les gens en profitent pour se promener au bord de la plage ou bien faire des courses. Pour se coller le nez aux vitrines. Un des sports favoris du portugais moyen après le yoga ibérique, bien sûr.
À mesure que les kilomètres défilaient, je me sentais heureux. J’avais des pensés heureuses pour des amis lointains et pour toutes ces personnes que j’aurais aimé qu’elles soient là.
Je savais qu’à Evora mon ami Luis m’attendait. Il m’attend toujours. Jamais de rendez-vous. Jamais d’échéances. Toujours le même sourire au visage quand vous arrivez et cette accolade d’amis de toujours. Pour toujours.
Les seules questions : Tu vas bien ?… T’as déjà mangé ?… Et avant que je ne donne ma réponse, un morceau de pain, du fromage, du vin, sont déjà sur la table.
Et toujours ce sourire heureux de vous voir. Simple. Vrai. Et l’après-midi coule, paisible. Comme si tout le bonheur du monde était concentré dans cette table où nous nous retrouvons pour parler de nous. Sans artifices.
De temps à autre, nous sommes interrompus par les enfants qui viennent chercher de quoi manger ou boire ou encore pour nous poser des questions inattendues, croyant que nous, les grandes personnes avons de réponse à toutes leurs questions. Et ils partent en riant de notre ignorance.
Me voilà dimanche matin en direction de chez mon ami Américo, qui a un lopin de terrain en dehors de la ville. Américo. Rien que l’évocation de son nom chante nos vingt ans d’amitié sans nuages.
Ses deux grands bergers alentejanos m’accueillent avec leurs amicaux aboiements. J’arrive à leur caresser la tête. Américo me salue en me disant : Armandinho ils t’ont adopté, parce qu’ils ne se laissent caresser par personne.
Mon Dieu qu’il est sucré de voir mon ami, à chaque fois. Son regard vif et intelligent. Sa simplicité chaleureuse, malgré son statut de professeur d’université. Que j’aime dire : Mon ami Américo !… J’ai l’impression qu’il s’agit d’un des multiples synonymes de bonheur.
-Je suis très content que tu ailles demain à l’école parler de l’Europe aux enfants. Ils ont beaucoup de chance.
-Faut voir si je suis à la hauteur. Je suis un peu inquiet.
-Arrête Armandinho, je sais que tu vas être excellent. Tu es très doué pour parler aux enfants.
-Faut voir. Faut voir. Je vais te montrer ma présentation pour voir ce que tu penses.
-Alors on y va.
Cette après-midi-là, j’ai fait ma présentation du lendemain. J’ai commencé par lire le texte que j’avais préparé et ensuite j’ai parlé de l’Europe.
Américo, Tufinha et tous les autres ont tous énormément apprécié. J’étais rassuré. Un peu. J’appréhendais le lendemain.
J’étais loin de m’imaginer que j’allais vivre un des moments les plus magiques, émouvants et inoubliables de mon existence.
Comment by Armando — 10 novembre 2007 @ 9:35