En vos mots 835
Alors que je viens tout juste de valider les textes déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite à lire et même à commenter, je vous propose cette semaine de faire vivre cette toile de l’artiste Ley Mboranwe, originaire du Congo et installé en Afrique du Sud.
Comme le veut l’habitude, aucun texte ne sera validé avant qu’une autre scène ne vous soit proposée. Vous avez donc une semaine devant vous pour donner vie en vos mots à cette lectrice, qui semble blen songeuse. Est-ce le livre qu’elle a posé à côté d’elle ou la rose qu’elle tient à la main qui l’a mise dans cet état?
C’est ce que nous sautons dans sept jours.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Il y a eu d’abord les regards. Grondants. Puis les murmures. Sans doute bien pensants. Dans l’air du temps. Comme il convient. Après, forte du courage d’être en meute, une voix a lancé : « Raciste! » Les autres ont applaudi. Femme noire. Vous avez dit : Femme noire. Vous n’avez pas honte?… On est tous des êtres humains. On est tous des personnes. Noires, jaunes, peaux rouges, tout cela est dépassé. Du passé.
Ce monde n’a plus de place pour des gens comme vous. Et votre mépris d’homme blanc.
J’ai encore murmuré que je n’avais offensé personne. Qu’être noire n’est pas une offense. Que l’affimrer non plus. Je l’avais dit comme on pourrait dire dame âgée ou dame blanche. Rien d’autre.
Un silence. Encore un cri de raciste. Puis quelqu’un m’a craché à la figure. Un autre m’a donné une gifle. A suivi un coup de pied. Et puis. Et puis. Et puis…
Ironie. Celle qui m’a porté secours était une dame. Noire de peau. Comme dans la chanson de Nougaro. Elle avait la cinquantaine. Peut-être plus.« Je m’appelle Naima. Je suis médecin, ne craignez plus rien », m’at-elle dit en nettoyant mes blessures.
La foule, elle, semblait rassasiée d’avoir rendu justice. Leur justice.
Moi, les larmes aux yeux, j’ai trouvé des forces pour leur murmurer, en guise de réponse, les mots de Senghor :
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle
…
Naima m’a souri. Comme pour me dire que tout n’était pas perdu. Pas encore.
Comment by Armando — 25 avril 2023 @ 7:00
Verte, elle était verte,
La robe jamais portée.
Verte, et presque offerte,
A l’africaine élaborée.
Verte, elle était verte,
La blouse africaine achetée.
Verte, elle l’était certes,
Mais pas pour moi bien ajustée.
Vertes, elles étaient vertes,
Robe et blouse convoitées.
Belles, elles l’étaient certes,
Mais pas pour moi très adaptées.
Ces deux sublimes découvertes,
Il me fallait les transformer.
Une couturière experte
Commença à s’en occuper.
Sa boutique fut hélas déserte
Quand je vins pour récupérer
Ma blouse et ma robe vertes:
Elle avait déménagé.
Perte, vécu la perte
De ces trouvailles faites au marché,
Qui étaient vertes, oui si vertes,
Dont il me fallut me passer.
Comment by anémone — 25 avril 2023 @ 13:50
« Lecture polymorphe »
Au couchant flamboyant
Irisant
Assise sur ton seuil
En roses de tout bois
Aux cris des scarabées
Trop verts, si verts, rabougris
Tu as lu …
Le volume case la mer
Songe et coud la bouche des palmiers
De louanges effeuillées
Ton homme s’en débarrasse
T’embrassant, un peu lasse
Tu as lu
D’un bon mot, puis d’un autre …
En sautoir balustrade
Surpris entre les collines
Ton banc s’est levé
Les ancêtres sont tombés
Enterrés sous le sable mauve
Statufiés
Ô tes rêves africains
À l’ombre qui se dresse
Tu as lu …
…
Comment by Cavalier — 27 avril 2023 @ 11:28