En vos mots 832
Maintenant que je viens de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous invite à partir en voyage en entrant dans l’illustration de Piero Schirinzi.
Comme le veut l’habitude, aucun texte ne sera visible avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement de prendre le large et de nous raconter en vos mots ce qu’évoque pour vous l’image que j’ai choisie.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Vogue vogue non pas la galère,
Vogue vogue joli paquebot.
Fait de livres, tu ne pollues guère,
Et tu es superbement beau.
Amarré ci et là sur nos côtes,
Tu fais office de librairie.
Petits et grands te donnent la cote,
Ta présence sur les flots est bénie.
A ton bord des ateliers d’écriture
Parfois invitent à prendre la plume,
Et si certains optent pour de frêles voilures,
Majesté et grandeur en deux mots te résument.
Comment by anémone — 4 avril 2023 @ 14:12
PAUL ET VIRGINIE
Et Paul dans la lumière paisible sur l’Île de France,
Drisse la perfection et la sérénité,
Sur ses mots qui rayonnent de recueillement et dansent
En partages arisés et en phrases bercées.
Virginie, sans ressource, matosse en un clin d’œil,
Abattée de bonheur en roulis idéal,
La magie qui se lofe au draille de la mer,
Dérive au crépuscule et rêve sans écueil.
L’eau sacrée tanguera sur son cœur loup de mer,
Dans ses yeux les reflets, sur son front l’horizon.
Sa voix contera tant sa liberté aux fers,
Dans la cale, espérance, et féerie aux tangons.
Puis la vie doucement hissera la grand-voile,
Au jardin près-serré l’illustration safran,
La joie en balancine, sérénité d’étoiles,
La tendresse en bordée et l’amour au palan.
Le cœur de Paul en ploie et s’affale aux ourlets
Du vent, puis chaud se choque aux ris des feux-follets.
C’est l’espoir qui s’entre-ouvre, la chaleur aulofée,
Une cape de confiance en douceur dévoilée…
…
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NB, petit lexique de la navigation à voile ou à vapeur :
affaler : action de descendre une voile
abattée : mouvement d’un bateau qui abat.
ariser : Prendre un ou plusieurs ris dans une voile c’est-à-dire diminuer la surface de voile.
aulofée : mouvement d’un bateau qui lofebalancine : fait partie des manœuvres courantes, cordage partant du haut d’un mât et servant à soutenir la bôme ou une vergue dans sa position au repos.
draille : (aussi appelé bas-étai), étai (câble) d’acier renforçant le mât de la mi-hauteur à l’étrave, il sert aussi à établir la trinquette.
balancine : fait partie des manœuvres courantes, cordage partant du haut d’un mât et servant à soutenir la bôme ou une vergue dans sa position au repos.
border : désigne l’action de tendre (une écoute, par exemple).
cape : allure utilisée dans le mauvais temps, pour limiter les efforts sur le navire, pour permettre à l’équipage de se reposer ou pour effectuer des travaux choquer : désigne l’action de relâcher ou détendre (une écoute, par exemple)
dérive : partie immergée dépassant de la coque en profondeur, pouvant être relevée, et destinée à s’opposer aux forces transversales aux allures de près
draille : (aussi appelé bas-étai), étai (câble) d’acier renforçant le mât de la mi-hauteur à l’étrave, il sert aussi à établir la trinquette.
drisse : élément du gréement courant, servant à hisser ou affaler une voile
hisser : action de monter une voile, une charge. l’expression hisser le foc vient de l’arabe « ézz al fog » qui veut dire tirer vers le haut. Il faut rappeler que les voiles des bateaux mauresques étaient triangulaires, d’où la confusion des européens qui entendant donner les ordres d’appareillage ont cru que « al fog » désignait la voile triangulaire .De l’arabe « ézz »:tirer, « dézz »:pousser, retranscription phonétique des termes arabes
lofer : rapprocher l’axe du bateau du lit du vent
matosser : Action de déplacer le matériel du bord ou les voiles vers le bord au vent du voilier afin de diminuer l’angle de gîte
près-serré : allure à laquelle le bateau se trouve le plus possible face au vent (le plus proche du vent).
ris : Système pour diminuer la surface d’une voile
roulis : mouvement oscillatoire transversal du bateau.
safran : partie immergée et pivotante du gouvernail orientant le bateau.
tangage : mouvement oscillatoire d’enfoncement de la proue dû à la houle en mer.
tangon : espar utilisé du côté au vent pour tenir écarté le spi. Il se fixe d’un côté au mât et de l’autre au spi.
je voulais caser aussi pôle emploi dans le teske, et allez donc savoir pourquoi …
Comment by Ffup de Bretagne — 6 avril 2023 @ 4:41
« Au port doré du Cocyte »
Je lis encore un peu,
Mes pas, posés sur le sable
S’imbibent et s’effacent
Dérangés par les flots.
Mon navire n’est que bouchon,
Ballotté,
Enfoncé dans l’océan,
Disloqué au récif.
Ton phare m’a guidé,
Mon âme aspirait
À ton havre de paix.
Mais le vent me l’a dit autrement,
L’éclair aux quatre coins
A brûlé toutes mes voiles,
Les récifs piranhas
Ont miné mes gouvernes,
Mes amarres,
Mes quilles et mes mâts.
Alors tempête, et
Mets vite pied à terre,
Toi, mon âme damnée,
Encrée,
Épuisée …
Le quai est hors de vue,
Mais que craindre,
Sinon la crainte,
Mais que voir,
Sinon ces traces
Qui s’effacent
Autour de ma mémoire.
Ici je suis libéré,
Loin des chaînes déchirées,
Loin de mes peines perdues,
Loin de mes amours mortes.
Adieu flots ravageurs,
Monde sans reconnaissance …
Le port doré du Cocyte,
Au creux de ses falaises
Autistes, aveugles et sourdes,
M’offre enfin le repos !
…
Comment by Cavalier — 7 avril 2023 @ 15:16
Je me souviens que sur son bureau, il y avait un flacon de Youth Dew, un encrier en porcelaine blanche, un buvard en argent usé et un stylo plume. Ammariragio 1939 Glittering Blue. Et la photo d’un jeune soldat dont je n’ai jamais su le nom.
Elle écrivait sa vie. En savourant les silences. Comme si elle avait gardé le souvenir de chaque blessure, derrière le sourire apaisé de ses longues lettres où elle caressait chaque mot.
Comme s’ils avaient tous de l’importance. Jusqu’à la moindre virgule. Elle prenait le temps de se relire à mi-voix. Symphonie phonétique. Mélodie des voyelles.
Faut dire qu’en ce temps-là, la vie était austère. On habillait les sentiments d’une écriture soignée. Avec des mots choisis. En respirant l’odeur des fleurs qu’on appelait par leur nom.
Et point final. Ou presque. Mots parfumés des roses chauffées par un clou de girofle. Et de tendres baisers. Avant de s’en aller, en voyage, par bateau, au bout du monde, à la rencontre de ses lèvres.
Elle s’appelait Léonor et c’était mon univers.
Comment by Armando — 8 avril 2023 @ 12:41