En vos mots 713
En cette période où les librairies ont besoin de vous plus que jamais, j’ai choisi de vous offrir cette illustration de l’artiste Seonna Hong, tirée de son album Animus, afin que vous la fassiez vivre en vos mots, que ce soit en prose ou en vers.
Aucun texte ne sera validé avant dimanche prochain, comme le veut l’habitude, ce qui vous laisse plus que le temps d’écrire une histoire et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à ceux et celles qui les lisent!
Elle se rendait à la librairie
En compagnie de son cher petit chat,
Mais pour cause d’étrange maladie
Ils trouvèrent tous deux porte de bois.
Jamais ce n’était arrivé de sa vie,
Elle ne pouvait en croire ses yeux.
Les volets fermés la laissaient ébahie.
Ils se consolèrent l’un l’autre de leur mieux.
Elle mit un message à la libraire,
Un mot de soutien empli d’amitié,
Pour sa grande amie si tendre et chère,
Puis tristement ils rentrèrent à pied.
Comment by anémone — 12 décembre 2020 @ 16:51
J’avais choisi La luce nel cuore de Bruno Bavota. Il me semblait que quelques notes de piano s’accouplaient parfaitement avec l’éclosion du jour.
Le cœur apaisé, j’avais commencé une dernière lecture de « Mon regard est net comme un tournesol », un poème d’un auteur hétéronyme dont le vrai nom était Pessoa, que j’avais promis de faire découvrir au groupe de lecture sans frontières, dont je faisais partie plus par accident que par conviction. Nous étions trois ou quatre, parfois cinq, tout dépendait si Ibrahim pouvait se libérer pour notre plus grand bonheur, comme le dimanche où il nous avait fait découvrir de Djamila Debèche, la créatrice du premier journal féministe algérien.
En sortant de chez moi j’avais été pris d’une inquiétude que je n’arrivais pas à expliquer. J’avais le sentiment que j’avais oublié quelque chose. Pourtant, après avoir vérifié, les clefs, le portefeuille, le mouchoir, le livre et son marque-pages. Tout y était. Et pourtant pas moyen de me débarrasser d’une sorte de douce angoisse, comme si quelque chose…
J’ai trouvé étrange que le kiosque à journaux, pourtant très matinal, même le dimanche, soit encore fermé. Pourvu que rien de grave ne soit arrivé à Patrick. A cette heure, le café d’en face a d’habitude plus de clients. Ils ne sont que deux. Pourtant il fait beau. Il se passait donc quelque chose qui justifierait ce pressentiment intérieur de quelque chose qui ne va pas.
Mon inquiétude a été grandissante lorsque j’ai trouvé la librairie fermée. À cette heure, Christine est déjà là. Elle est d’habitude matinale.
Heureusement qu’une petite fille attendait déjà, ce qui m’a rassuré en quelque sorte. Après un moment j’ai perdu ma timidité et lui ai dit : « Aujourd’hui, tout le monde semble en retard, il passerait quelque chose que j’aurais dû savoir?…»
C’est alors que, d’un air moqueur, la petite fille m’a répondu en souriant :« Vous êtes comme moi, tête en l’air… et avez oublié le changement d’heure. Ce ne sont pas eux qui sont en retard. »
Comment by Armando — 13 décembre 2020 @ 4:42