En vos mots 93
Mais quelle pièce peut bien interpréter le violoniste pour que la lectrice peintre par l’artiste belge Fernand Allard l’Olivier s’abandonne avec une telle volupté et en laissant ouvert le livre qu’elle lisait peut-être avant l’arrivée du musicien?
La toile vous appartient pour sept jours. Pour que vous puissiez la décrire en vos mots selon ce qu’elle vous inspirera. Poèmes, nouvelles, citations, toute forme est la bienvenue.
Et dimanche prochain, à huit heures du matin, heure du Québec, je validerai les commentaires, comme je le fais chaque semaine, et pas avant, afin que chacun se sente libre d’interpréter la toile sans savoir quelle tangente ont pris ceux qui se seront laissés tenter par ce petit exercice d’écriture sans prétention.
Que les muses et la musique vous accompagnent!
LA BELLE AU VIOLON DORMANT
Un musicien muet sur son violon s’accorde.
Il joue l’air sans fin sur un ton monocorde
D’une musique classique peut-être un peu naïve
Que sa muse couchée écoute, attentive.
Il glisse lentement son archet sur la viole,
Envoûte l’instrument sans aucune parole.
L’écrivain décrivant ce que la muse entend,
Ne peut y mettre mot, ni mesure, ni temps.
Des sons de toute part remplissent la maison.
Bizarrement se répandent d’étanges vibrations.
Incapable de nommer ce miracle indicible
Car elles prennent le coeur mais demeurent invisibles.
Entendez-vous ce soir le musicien muet
Jouer sur son violon un petit menuet?
Si votre plume désire transcrire cette musique,
Il faudra découvrir vos talents de mystiques!
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 20 janvier 2009 @ 10:22
Martha sortait peu. Elle aimait la nuit. Le silence des étoiles. Les promenades au bord de la mer. Elle aimait le petit matin. Elle aimait son chien, Bonheur, un labrador taquin qui l’aimait et veillait sur elle, heureux, de l’accompagner, heureux de chacune de ses promenades. Ils se sont attachés l’un à l’autre un matin, alors qu’elle cherchait à oublier sa solitude. Il s’est approché d’elle pour lui offrir son errance. Un regard. Une caresse. Ils ne se sont plus quittés depuis.
Elle aimait écrire. Ses livres passionnaient les foules et déchaînaient la frénésie des prix littéraires, qu’elle ne se déplaçait jamais pour recevoir. Les secrets de la mer à la lune, primée avec la plume d’or. La souffrance des étoiles, deux fois primé, avec le prix Écrivains universels et le prix Le bonheur de lire, c’était également elle. La presse spécialisée se donnait d’ailleurs aux joies de spéculer sur ses envols littéraires, si secrets et poétiques. Pour la presse, elle était une énigme. Jamais d’interviews. Juste quelques mots par téléphone pour remercier poliment pour les prix reçus et les offrir à des associations. Elle disait que la vente de ses livres lui suffisait pour vivre. Puis, aucune photo. Rien. Personne ne savait qui elle était ni d’où elle venait. Seul son éditeur savait. Et il avait promis d’emporter le secret de son identité dans sa tombe. Pour le grand public, elle n’était qu’une plume ouverte sur des rêves et les espoirs d’une existence qui s’embellissait à chacun de ses mots. Pour les spécialistes, elle n’était que deux lettres en bas de chaque livre. MM. Pour Martha Melody. Eux s’interrogeaient sans cesse de savoir si elle n’était qu’un mensonge. Un leurre. Le public se demandait quand elle sortirait un prochain livre.
Ça la laissait complètement indifférente. De toute manière, elle ne lisait pas les journaux. Juste les titres des premières pages, quand elle passait, la nuit, devant une papeterie… Elle n’avait que faire de tous ces bouleversements humains qui changent au gré des spéculations.
Son monde était déjà suffisamment grand et bien rempli pour qu’elle évite de se perdre dans d’autres mondes que ceux de ses rêves.
Elle aimait lire, les auteurs classiques, Kundera, et quelques autres. Mais surtout elle aimait écrire. Elle racontait les confidences de la mer qu’elle savait embellir dans ses récits d’une manière fascinante et unique. Lire un de ses livres, c’était s’enchaîner à la première page pour ne se libérer qu’à la dernière, avec l’envie de le commencer à nouveau.
C’est certain, Martha était unique. Comme une étoile filante qui laisse une trace fascinante dans la nuit, et qui disparaît avant qu’on arrive à la saisir.
Son monde était autre. Celui de l’écriture, du rêve, de la solitude, de la souffrance et puis de la musique. Le violon.
Elle aimait Paganini, Jing Wang, Tanja Becker-Bender, Nigel Kennedy, et puis tant d’autres.
Et lorsque que les souffrances de sa maladie orpheline venaient fustiger sans pitié sa peau si blanche et si pure, lui refusant la joie de lire, le bonheur d’écrire, ou la douceur de ses rêves, souvent au bord de l’eau en compagnie de Bonheur, son labrador, il ne lui restait que l’ensorcelante musique du violon pour combler sa solitude et apaiser ses souffrances…
Comment by Armando — 23 janvier 2009 @ 5:12
Coup de sonnette ! C’est Solange. Elle arrive à son rendez-vous, à l’heure !
Bonjour Solange, je suis très heureux de vous voir. Si vous le permettez, avant de commencer, je vous fais visiter mon atelier et mes toiles. Elles sont toutes prêtes pour mon prochain vernissage et j’attends avec impatience la toile qui vous représentera.
Je vous laisse vous dévêtir et vous allonger sur le canapé. Ne vous gênez pas de prendre le livre sur la petite table, en attendant, je vais préparer le thé et nettoyer mes pinceaux.
Vingt minutes se sont écoulées et le peintre revient avec le thé et ses pinceaux propres mais Solange s’est endormie.
Le peintre est ravi de pouvoir peindre Solange perdue dans ses rêves…Pourvu qu’elle ne se réveille pas se dit-il. C’est formidable, la lumière de seize heures se dépose délicatement sur son corps.
Il commença à peindre Solange. Comme elle ne bouge pas, cela lui facilite le travail.
La toile commence à prendre forme et les teintes sorties de sa palette sont harmonieuses.
Heureusement que j’ai pensé aux fleurs…elles apportent une touche très délicate ainsi que le jeté de divan en soie !
On frappe à nouveau à la porte ! Entrez.
Chut ! Fit le peintre à la vue du violoniste. Je vous en prie, entrez mais faites doucement. Vous me raconterez plus tard, ce qui vous amène chez moi. Je ne voudrais pas que Solange se réveille. Elle est dans ses rêves et c’est comme cela que je désire la peindre.
N’est-elle pas magnifique chuchota le peintre à José, venu avec son violon ? En effet, elle est belle.
Le peintre parle tout bas à José et lui dit de s’asseoir près de Solange, un peu en retrait et de jouer une mélodie très, très douce. L’idée lui est venue, subitement, de peindre Solange et José.
Le peintre reprend ses pinceaux sans oublier José…Oui, oui, cela va être une très belle toile ! Allez-y, jouez ce que vous voulez de doux… José ne comprend rien à cette scène mais après tout, pourquoi pas, pense t-il ?
Le peintre rajoute de l’ocre sur sa palette aussi ressemblant que la veste de José.
C’est parfait ainsi ! Le peintre peint pour son plaisir. Il est connu pour sa gentillesse et sa modestie.
Il ne s’arrête pas de peindre. Tous les éléments sont là pour faire de cette toile un bijou.
Et la musique que José a choisi « Jeux interdits » est en parfait accord avec Solange et tout ce qui l’entoure.
Le peintre n’en revient pas ! Si un jour on m’avait dit de peindre un nu avec un musicien, j’aurais certainement haussé les épaules !
Le jour baisse, il va falloir que je réveille Solange et je reprendrais la toile demain. Puis viendront les dernières retouches.
Le peintre se dirige vers le violoniste et lui dit dans le creux de l’oreille, de revenir demain. Il lui explique que c’est la fille de son ami. Un jour, je les ai croisés en ville et en voyant Solange, je lui ai demandé si elle voulait poser nue pour moi, pour mon prochain vernissage. Avec l’accord de son père, Solange me répond que c’est un grand honneur.
Le jour suivant, Solange et José ont fait connaissance et le peintre a tout expliqué à Solange ce qui c’était passé la veille sauf que José avait joué à ses côtés. Les joues un peu rosies de savoir qu’un autre homme que le peintre l’avait vu nue, Solange a juste dit : je suis d’accord pour la finition de la toile mais cette fois-ci, José fait semblant de jouer…
C’est le jour du vernissage. Connu pour son grand talent, il y a un monde fou dans la galerie ce qui n’est pas pour déplaire au peintre aussi modeste soit-il. Bien sûr, Solange est là. Elle fait le tour de la galerie et s’arrête un long moment devant la toile nommée « inattendu » !
Pourquoi « inattendu » se dit-elle et à ce moment-là, José, toujours en retrait joue « Jeux interdits » pour Solange car cette fois-ci, elle ne dort pas.
Ce fut un grand moment de bonheur et le peintre ne regretta jamais d’avoir eu cette idée…
Comment by Denise — 24 janvier 2009 @ 15:26
Et c’est vrai que tout s’est passé comme le raconte Denise… J’étais là à la première place si j’ose dire…
Ah, pardon pour l’impolitesse, je me présente, je m’appelle violon et au vue d’une femme nue « je frémis comme un coeur qu’on afflige », comme disait Baudelaire.
Comment by Art Mélo — 25 janvier 2009 @ 8:18
Superbe Armèle. Art Mélo est ravi de ce qu’il a lu…
Comment by Art Mélo — 25 janvier 2009 @ 8:30
Excusez-moi, j’ai beau chercher, je ne trouve rien de moi dans « À vos mots »!!!
Vous avez lu quoi au juste?
En passant, j’aime bien votre texte sur Martha, cher Art Melo!
Comment by Armèle — 25 janvier 2009 @ 9:19
Flairjoy…. Denise… Armando… ce n’est que du BONHEUR à vous lire ! En » VOS » Mots sont toujours aussi MERVEILLEUX, plein de sensibilité et de générosité !
Merci, ainsi qu’à Lali…. Amitiés à vous avec un nuage de bises… il va sans dire ! Sourire
Comment by chantal — 25 janvier 2009 @ 16:22