Escalier 1
L’ironie
Quand il me faut affronter le péril
D’être tout seul dans ta fosse, insomnie,
Et que je trouve une chère ironie
Au fond de moi, qui ne veut pas mourir,
Comment ne pas dire mais c’est bien elle
Qui me retient en foi de Supervielle,
Et faut-il donc toujours la maltraiter
Ou la chasser au lieu de la goûter.
Malheur à nous qui ne savons sourire
Et ne pouvons emprunter qu’au délire.
Dieu ne peut-il reconnaître un poète
Que seulement s’il lui tourne la tête?
O ma raison, sois donc mon oraison
Et laisse-moi te demander pardon
D’avoir souvent caressé la folie
Comme une amie.
Mais, ô raison, n’es-tu pas déraison
Qui dans mon crâne aurait changé de nom
Et n’est-ce pas l’acide du mystère
Qui me retient chancelant sur la terre
Par son poison?
Jules Supervielle, Escalier
*choix de la lectrice de Louis Hersent