Un paradis 5
Le lecteur qui a levé les yeux de son livre
perçoit le ciel qui est l’océan vrai,
L’étendue immense de bleu qui enserre
Toute la terre, au bout de quoi on tomberait
Hors de tout, si on trouvait ce bout.
Un énorme nuage blanc figure
La crête d.écume d’une vague, elle se brise
Et s’effiloche tandis que passent deux goélands
Dans l’espace concave où le bleu va et vient.
Avant qu’il ait retrouvé le fil de la phrase
Qu’il avait laissée,ce lecteur aura scandé
L’iambe suprême d’un après-midi d’été.
Robert Melançon, Le paradis des apparences
*choix de la lectrice d’Alfred Stevens