Les vers de Jonathan 1
ce que j’entends
coule de toi
ta langue
sur toutes les pages
mouille le bruit du monde
Jonathan Lamy, Je t’en prie
*choix de la lectrice de Beatrice Offor
ce que j’entends
coule de toi
ta langue
sur toutes les pages
mouille le bruit du monde
Jonathan Lamy, Je t’en prie
*choix de la lectrice de Beatrice Offor
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’une déception est plus grande quand il s’agit de littérature jeunesse que quand il est question de littérature pour adultes. Est-ce parce que je m’attends à un travail plus soigné autant en ce qui concerne le texte que l’image? Peut-être bien. Ou alors à plus de passion de la part de l’éditeur parce qu’il occupe une plus grande place dans la production de livres destinés aux petits que dans celle réservée aux livres pour adultes? Peut-être aussi.
Je sais aussi que je pourrais ne pas parler des livres qui ne m’ont pas plu pour toutes sortes de raisons, que je pourrais les oublier. Mais je n’y arrive pas. L’ancienne libraire en moi n’est pas morte et ne peut admettre que des livres de peu d’intérêt soient mis de l’avant pour des raisons liées au marketing ou à la réputation (parfois surfaite) d’une maison d’édition ou d’un auteur. Je ne dis pas que certaines maisons d’édition dédiées à la littérature jeunesse ne méritent pas la place qui leur a été faite au fil des ans : il y en a plus d’une qui fait du bon, du très bon travail.
Or la lecture de L’abominable, un album écrit par Danielle Chaperon et illustré par Iris, a été une énorme déception alors que le sujet avait tout pour m’intéresser. En effet, comment une amitié qui réunit deux inséparables peut-elle survivre à l’arrivée d’une troisième personne qui prend beaucoup de place? Comment traverser cette abominable situation et faire face à « l’abominable », nom qui sied bien à celle qui s’est immiscée dans ce duo qu’on croyait indestructible?
Le texte de Danielle Chaperon n’est pas sans intérêt. L’auteure se glisse avec habileté dans la peau de celle qui se sent lésée quand une troisième arrive et, avec peu de mots, sait nous décrire ce que peut ressentir quelqu’un qui n’a plus l’exclusivité de l’amitié. Mais pourquoi a-t-il fallu cette fin où la petite estime finalement qu’elle est aimée parce qu’on lui offre des cadeaux? Et surtout, pourquoi tous les personnages sont-ils des animaux et non pas des êtres humains? Il y a longtemps que je n’avais vu plus laides illustrations.
Grosse, très grosse déception.
En trouvant à quoi sert le rire nous risquons de trouver à quoi servent les larmes. (Bernard Werber)
*toile d’Abel Dominique Boyé