Lali

23 mai 2013

Voix d’Égypte 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Reste avec moi ce soir

Reste avec moi ce soir, j’ai même peur de l’ombre
Que pleuvent les grands pins sur la route de l’étang,
Pour nous voir nous aurons l’hésitante pénombre
Que ma langue réveille au calice du temps.

Rien que pour rencontrer mon âme vagabonde
Dans le pays du songe où ton souffle l’étreint,
Reste avec moi ce soir, déjà le soir éteint
Dans l’appel sanglotant ta chevelure blonde…

Je veux poser à tes pieds nus l’automne d’or
Avec ses fruits vermeils, ses épis et ses roses,
Que tu sois mon amante ou l’image de la mort,
Laisse l’ombre bleuir sous mes paupières closes…

Ma maison est profonde et sonore des pas
Du silence qui fait pleurer l’eau des fontaines,
Reste avec moi ce soir pour qu’il ne meure pas,
Ton charme évocateur de mes forces lointaines…

Arsène Yergath
(extrait de l’Anthologie de la poésie francophone d’Égypte de Jean-Jacques Luthi)

*choix de la lectrice de Coles Phillips

Au pays des origines

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:35

Quand survient cet accident de personne qui fait office de titre, Charline est en route vers son destin, mais ne le sait pas encore. Une jeune femme s’est jetée sur les rails. Quelques minutes seulement avant que le train n’arrive à destination, la petite ville où Charline a passé une grande partie de sa vie et qu’elle n’a pas revue depuis plus de dix ans.

C’est à la suite du décès de sa sœur jumelle qui s’est jetée par la fenêtre, croyant qu’elle serait en mesure de voler si elle y croyait très fort, que le quotidien de Charline est devenu invivable et que la famille a fini par quitter cette petite ville où trop de souvenirs les poursuivaient.

Pourquoi la préférée était-elle morte et non pas elle, croyait-elle lire dans le regard de ses parents avec qui elle a fini par couper les ponts pour se résoudre à vivre, loin des reproches. Mais l’heure est venue, parce qu’elle n’arrive plus à peindre, de cesser de tourner en rond et de s’occuper. Autrement. À n’importe quoi. C’est la raison pour laquelle elle se trouve dans ce train qui la ramène à sa ville natale. Charline a en effet accepté de s’occuper du chat d’une vieille dame pendant son absence pour éviter de demeurer prostrée, en attendant que revienne l’inspiration qui l’a quittée il y a des mois.

La ville a beaucoup changé. Elle la reconnaît à peine quand elle décide de se rendre aux funérailles de celle qui est devenue un fait divers. Parce qu’elles étaient dans la même classe lorsqu’elles étaient enfants. Parce qu’elle aurait si souvent voulu prendre sa place, Viviane ayant des parents si aimants, si attentionnés.

Parce que Charline n’a jamais été en mesure de se lier, qu’elle n’a jamais cessé de parler à sa sœur disparue, et qu’elle a décidé de rapporter aux parents de Viviane le mouchoir qu’ils ont oublié sur un banc, la jeune femme va voir le cours de sa vie complètement changé alors que ceux-ci vont littéralement l’adopter. Basculant constamment entre la réalité qui n’est pas sans rappeler ses rêves d’autrefois et des cauchemars troublants qui nous sont relatés, Charline finit par perdre pied.

À la fois comédienne et dramaturge, la Suissesse Anne-Frédérique Rochart a le sens du drame et de la mise en scène. Elle propose d’ailleurs avec Accident de personne une structure narrative qui n’est pas sans rappeler l’usage des voix off au théâtre, procédé intéressant. Si la tension qui grandit à mesure que se noue une relation parents/enfant entre les Dubois et Charline est palpable et bien exploitée, on pourrait par contre reprocher à l’auteure les quelques personnages-accessoires qu’elle laisse tomber sitôt qu’elle les a utilisés ainsi que les morts passées qui s’additionnent à la fin du roman pour expliquer le geste de Viviane, lesquels ne convainquent pas.

Accident de personne demeure tout de même un premier roman réussi, grâce à sa construction solide et à l’attachement que le lecteur éprouve d’emblée pour cette Charline un peu paumée qui mange la peau de ses doigts jusqu’à ce que cela saigne pour se punir de n’avoir pas su, avec ces mêmes mains, retenir sa sœur quand elle a sauté dans le vide.

Accident de personne lui rappelle qu’il est l’heure pour elle de cesser de marcher sur un fil.

Titre pour le Défi Premier Roman

Texte publié dans

Vive les écriteaux!

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 12:24

Ce sont eux qui nous aident à donner des noms aux arbustes quand on fait le tour du Jardin botanique de Montréal. Sans celui-ci, je n’aurai jamais su que j’avais devant moi une viorne de Carles!

Ce que mots vous inspirent 931

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Rien n’est impossible à celui que n’arrête pas l’improbable. (Raoul Vaneigem)

*toile de Michael Sweerts