Lali

21 décembre 2011

Quelques poèmes de Rodenbach 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Si tristes les vieux quais bordés d’acacias!
Pourtant, toi qui passais, tu les apprécias
Ces vieux quais où tel beau cygne de l’eau changeante
Entre parfois dans une âme qui s’en argente.
Si tristes les vieux quais, les eaux pleines d’adieux,
Inertes comme les bandeaux silencieux
D’une morte! les eaux sur qui pleure une cloche,
Les immobiles eaux sur qui le carillon
Égoutte ses sons froids comme d’un goupillon.
Et plus tristes les quais lorsque l’hiver approche!
En mai, quand le ciel rit, on s’était essayé
À mettre de la joie aux vitres des demeures,
– Tendant de rideaux blancs le passage des heures –
Et des roses afin que l’air fût égayé,
Petit luxe, au-dehors, de l’aisance des chambres…

Mais quand l’hiver revient, quand cinglent les décembres,
Les acacias nus, filigranés en noir,
Portent le deuil de la saison; le vent disperse
Leurs feuilles comme des oiseaux parmi l’averse;
L’eau du canal se gerce et se gèle – miroir
Las de mirer toujours d’identiques façades!
Maintenant les vieux quais sont déserts et maussades;
Et, dans les logis clos, les rideaux s’échancrant
Laissent voir, en la chambre et derrière l’écran,
Quelques vieillards sans joie autour d’une lumière
Qui végète sur le réchaud de la théière…
Lumière survivante en ces hivers du nord;
Faible lueur, clarté triste qui les ressemble;
On dirait un chétif feu de cierge qui tremble,
Et qu’en chaque maison muette, on veille un mort!

Georges Rodenbach, Le règne du silence

*choix de la lectrice du peintre Kirk Richards

Dora Maar, vue par Nicole Avril

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:26

« Je n’ai pas cessé de vivre avec toi bien que tu m’aies quittée longtemps avant ta mort », affirme Dora Maar, dans la peau de qui la romancière Nicole Avril s’est glissée le temps d’un roman. Ces mots s’adressent à Picasso, l’homme qui fut toute la vie de la photographe Dora Maar, laquelle abandonna son appareil pour des pinceaux après les photos qu’elle a prises de l’évolution de Guernica, l’un des plus célèbres tableaux de l’artiste espagnol.

Mêlant un « je » qui s’adresse au lecteur et un « je » qui s’adresse à Picasso, Dora Maar, née Henriette Theodora Marcovitch, ou Marcovich, aux dernières de sa vie, fait le bilan de celle-ci, ainsi que de sa passion pour celui qui l’a séduite puis abandonnée, et dont elle fut l’égérie pendant un peu moins de dix ans.

Inspirée par ses nombreuses lectures sur Dora Maar elle-même autant que sur l’époque où la vie de celle-ci fut intimement liée à celle de Picasso et de son entourage, Nicole Avril pose un éclairage sur une figure à la fois connue et méconnue, mais elle le fait sans complaisance. Ce qui ne nous empêche pas de nous attacher à Dora Maar, femme troublante et troublée qui méritait qu’on s’attarde sur elle et sur son œuvre, qu’il s’agisse de ses photos ou de ses peintures.

Quiconque s’intéresse à la peinture et apprécie qu’on fasse d’artistes haut en couleur des personnages romanesques ne pourra qu’apprécier le travail de Nicole Avril.

A time for love

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 14:50

« Shirley Horn aurait été contente. » Ce sont ces mots entendus à la radio qui ont attiré mon attention et m’ont fait tendre l’oreille. Puis j’ai compris. Oui, Shirley Horn aurait été plus que contente. Elle aurait été émue. Comblée. La Québécoise Térez Montcalm lui a rendu un magnifique hommage avec cet album dont elle avait, paraît-il, rêvé très longtemps avant d’oser l’enregistrer. Un album où elle a mis son cœur comme sa voix bien à elle, qui n’est pas celle de Shirley Horn. Une voix qui donne par moments le frisson, notamment dans A time for love que voici.

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détails ici

Les personnages de Valentin

Filed under: Couleurs et textures,Les trouvailles de Lali — Lali @ 10:18

Un univers plein d’imagination et de poésie que celui de Valentin Rekunenko dont voici quelques scènes livresques. La suite vous attend ici.

Ce que mots vous inspirent 562

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

La passion amoureuse ou un haut degré d’ambition ont, de tout temps, changé des gens raisonnables en fous qui déraisonnent. (Emmanuel Kant)

*toile de l’artiste danois HushMitNavn