Les extraits de revues 8
La lectrice de l’artiste Will Barnet a ouvert le numéro de la revue Poésie de mai-juin 1987 laissé là la veille par une des lectrices du soir. Puis, elle est allée de page en page, jusqu’à ce qu’elle s’arrête ici :
Miroir sans tain du soir
La marche du temps parfois s’attarde
Dans la minute présente.
Deux grands oiseaux blancs se poursuivent dans le ciel,
Une femme aux seins nus court vers la mer
Et, dans le jardin où les vents brûlants de juillet
Avaient fané toutes les roses,
Mille boutons resurgissent et s’ouvrent
Fragiles comme les joues des filles.
Déjà le haut porche de l’été se referme.
Nous allons entrer dans la maison de l’automne.
Des fruits jeunes et dorés emplissent nos mains
Et l’étoile aveuglante éclate en plein jour
Parmi les toits où joue le soleil.
La mer au loin se colore de cuivre
Miroir sans tain du soir
Où se contemple encore et lentement s’efface
Le visage ivre de la journée.
(Marcel Béalu)