Il neige encore aujourd’hui. En fait, je devrais peut-être dire il danse de la neige, tans ls flocons valsent avant de se poser au sol. Et curieusement, alors que je pense rarement à elle, c’est à Milkie que je pense aujourd’hui. Je pense à elle comme à un merveilleux souvenir de l’enfance, alors que nous étions allés la chercher au chenil et qu’elle ressemblait à un chaton blanc. Blanc comme du lait, d’où Milkie.
C’était il y a 35 ans. Elle, l’indomptable, ma chienne samoyède du pays du froid, était désobéissante comme ne l’était aucun des chiens bien dressés du quartier. Ce qui attirait les regards quand une simple promenade devenait une course tant elle tirait sur sa laisse, tant elle aurait aimé être libre. Elle a d’ailleurs fugué quelques fois et une seule fois les gens de la fourrière l’ont ramassée: elle était allée bien trop loin de la maison cette fois. Parce que sinon, le parcours était simple. Course jusqu’au bord de la rivière vers les champs où allaient se bâtir des maisons quelques années plus tard, pour se rouler dans la neige et attendre qu’on vienne l’y chercher. Avec des sucettes: mademoiselle avait le bec sucré.
En fait, elle ne faisait que des bêtises: courir partout, renverser tout sur son passage, éventrer le sofa, partir à l’aventure. Elle n’était pas faite pour la vie qu’elle menait. Pas faite pour la ville, même dans un quartier tranquille, mais plutôt pour la campagne où elle aurait pu courir jusqu’à épuisement.
Elle aimait la liberté, point. Et probablement qu’elle a senti que j’étais de la même fibre qu’elle, car je n’ai jamais attendu d’elle ce qu’elle faisait tous les soirs: qu’elle dorme à mes côtés en prenant toute la place. C’est elle qui a choisi. C’est elle qui m’a choisie.
Hier, en cherchant les enfants que je n’ai pas trouvés, je repensais aux tunnels qu’on avait faits dans la cour autant pour elle que pour nous, ce fameux hiver de la « tempête du siècle ». Il n’y a plus eu d’hiver avec autant de neige depuis, et plus d’hiver avec Milkie par la suite.