Lali

9 février 2007

Une lectrice qui attend

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 16:08

wujun

La lectrice de Wu Jun, peintre probablement chinois, mais pour lequel je ne trouve aucune piste, semble regarder l’heure sur une horloge. La bretelle de la robe est tombée, elle est en à sa troisième revue et a troqué ses escarpins contre des pantoufles. Il ne viendra plus, se dit-elle.

Combien attendent ainsi ? Trop, sûrement. J’ai été de celles-là à une autre époque de vie. Je sais les préparatifs, je sais l’excitation, je sais les déceptions qu’elles traversent. Mais comment leur dire de prendre ce que la vie leur donne sans attendre des autres ? Comment ?

Les odeurs d’Aigues-Mortes

Filed under: Ailleurs — Lali @ 10:51

aiguesmortes

Il n’y a rien comme penser à des endroits où on a eu très chaud pour contrer le froid. Je ne comprends pas comment le mécanisme du cerveau fonctionne à cet égard, mais curieusement, ça fonctionne à tous les coups. Rien que la vitre givrée dans presque sa totalité m’indique qu’il ne fait sûrement pas agréable dehors.

Alors, je rêve. Je rêve à ce jour de juillet 1981, sous un soleil de plomb. Je rêve à Aigues-Mortes, dans l’Hérault, là où le Rhône rencontre la Méditerranée. Je rêve à ce village fortifié aux maisons de pierre ocre, aux rues étroites, aux enseignes d’un autre temps. Je rêve à tout ça et il fait soudain aussi chaud qu’il faisait ce jour-là. Et des odeurs me reviennent, imprécises, des odeurs de soleil, de ça je suis certaine. Peut-être celle du pain qu’on boulangeait dans une de ces rues, peut-être celle du sel des marais voisins, peut-être celle de la garrigue qu’on ne peut décrire en mots mais qui a son odeur bien à elle. Peut-être ce mélange, au fond.

Et il ne fait plus froid. Il fait bon et je suis là-bas, tout en haut à rêver.

La lectrice passionnée

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 10:09

alainhuette

Les hommes passionnés aiment souvent, les femmes passionnées aiment longtemps. [Francis de Croisset]

Est-ce cette phrase qui semble avoir plongé la lectrice d’Alain Huette en pleine réflexion ? Elle, si passionnée, qui n’en a jamais tout a fait fini d’aimer les hommes qui ont traversé sa vie, qui a pour chacun d’entre eux une petite place au chaud dans son cœur, se demande-t-elle si elle n’est pas parfois un peu homme, elle qui aime souvent? Et pourtant, elle aime aussi, longtemps. Est-elle un cas à part ou si cette affirmation est en général vraie tout en ne s’appliquant pas à elle? J’avoue que ce genre de phrase me laisse dubitative. Je ne dis pas qu’elle est fausse, que des exemples ont dû servir à celui qui l’a écrite, mais peut-être un peu trop limitative. Il manque juste un petit quelque chose. En début de phrase. Je dirai, moi: En général, les hommes passionnés aiment souvent, les femmes passionnées aiment longtemps.

Dans trente ou quarante ans…

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 1:08

samuelscarr

Et dans trente ans, serai-je cette femme qui relit les lettres d’autrefois? Et dans quarante ans, aurai-je conservé, comme l’a peut-être fait la lectrice de Samuel S. Carr, les lettres qui jour après jour me nourrissent et me donnent à rêver aujourd’hui? Et si oui, aurai-je le cœur de les relire et de me rappeler celle que je suis maintenant?

J’ai dans le garde-robe de la chambre d’amis que je compte transformer en salle de lecture pouvant servir à qui restera dormir des boîtes remplies de lettres. Rarement ai-je la curiosité d’y jeter un œil. Et pourtant, je ne les détruis pas. Comme si le faire allait effacer le fait qu’elles aient, dans la plupart des cas, traversé l’océan pendant près de vingt ans. Et pourtant ce ne sont pas tant les objets, lettres, bijoux, bibelots, qui constituent le souvenir mais bien le fait qu’ils aient existé, qu’ils soient passé dans nos mains pour une période plus ou moins longue.

Un jour, peut-être, ferai-je le tri dans toutes ces lettres pour n’en retenir que quelques-unes que je rangerai dans une seule et unique boîte. Un jour, peut-être, relirai-je ces lettres qui chaque jour arrivent et que je range comme des biens précieux.