Verheggen, poète surréaliste et homme de scène
J’avais lu des extraits ici et là. Et aussi des articles sur le coloré personnage qu’est Jean-Pierre Verheggen.
Je connaissais l’insolence et le surréalisme — tout à fait belge — du poète. Je savais les mots qui déboulent, les constructions et déconstructions, mais je ne savais pas l’homme, le poète.
J’avais lu, mais non pas entendu.
Or, Verheggen doit être lu à haute voix et écouté.
Et si, comme moi hier soir, à l’occasion du Marché de la Poésie, on a l’occasion d’entendre le poète en personne jongler avec ses propres mots, s’en délecter et nous en délecter, on en redemandera. Car l’homme en impose avec sa voix forte et pleine de nuances; car le poète aime tant les mots qu’il nous les livre en pâture avec force clins d’œil.
« Calembourateur », lit-on souvent quand il est question de Verheggen. « Jouisseur de mots » aussi.
Mais ce que j’ai lu de plus sympathique est ceci : « grand-oncle de Sttellla ». Il faudra bien que je vous parle de ces joyeux lurons qui forment Sttellla. De ce weekend chez Patricia et Jean-Marc, où j’ai découvert ces fous des jeux de mots. L’alliance Verheggen-Sttellla me plaît. Mais voilà une autre histoire.
Verheggen est depuis longtemps et bien avant eux un fou des mots, du langage, du sens et du contre-sens. Jouer avec les mots est une chose. En jouer avec intelligence est bien autre chose, et plus rare. Et surtout pas chose facile, comme certains se plaisent à le laisser entendre.
C’est comprendre et aimer ça quitte à avoir l’air d’avoir trop soufflé dans l’encrier du nec sous-ultra! – et, dans le même temps, c’est accomplir, ce geste insensé, de noria dans le nada ! C’est accomplir l’inlassable monotonie résistante de cet acte fou!
Ainsi Jean-Pierre Verheggen parle-t-il de l’écriture dans Artaud Rimbur. Mais ce n’est qu’une entrée… Plus vous en goûterez, plus vous en voudrez de ce Verheggen, glouton des mots. Et puissiez-vous un jour le voir sur scène s’animer. Une intensité telle, c’est rare et précieux.
Verheggen… Je l’ai découvert par l’intermédiaire d’un cours de littérature.
J’ai eu du mal à accrocher à son écriture au départ : ce n’est pas simple, il faut lire et relire, pour s’imprégner peu à peu des mots et de leur sens, du texte et de ses jeux… En revanche, j’ai eu l’occasion de l’écouter lors de quatre conférences il y a deux ans et puis, plus récemment, il y a quelques semaines à son passage à la Foire du Livre de Bruxelles… et j’ai beaucoup apprécié ces séances.
Je pense, comme vous le dites, que Verheggen doit être vu et entendu. Son écriture est orale. Et l’entendre parler de son travail, de ses sources d’inspiration, est passionnant. Il donne envie de sourire, de réfléchir, et puis de créer, d’écrire, de jouer avec la langue…
Comment by Milie — 12 mars 2011 @ 8:25