Vera, un jour pas comme les autres
Le mariage de ma mère est le quatrième roman jeunesse de l’auteure portugaise Alice Vieira que je lis. Et comme chacune des fois, elle a su me gagner dès les premières lignes.
Comme elle en a l’habitude, Alice Vieira a choisi d’entrer dans la peau du personnage principal, à savoir la narratrice, en utilisant le je de circonstance. C’est donc Vera qui nous raconte son histoire, ou plutôt qui la raconte à son docteur (pour ne pas dire psy). Une histoire qui débute le jour du mariage de sa mère, alors que celle-ci a choisi pour l’occasion une tenue qu’elle juge immonde et mal assortie à ses kilos en trop, ses boutons et ses cheveux impossibles à peigner. Mais comment sa mère pourrait-elle savoir tout ça, elle qui l’a abandonnée alors qu’elle avait quelques semaines afin de mener une carrière internationale de mannequin? Comment serait-elle au fait de ces détails qui concernent sa fille alors qu’elle ne s’est jamais intéressée à elle que quelques heures par année, la petite étant élevée par l’épouse d’un cousin lointain qui n’a de cesse de lui répéter qu’elle n’est rien pour elle?
Une mère absente et le manque d’amour ont été si forts que pour les contrer Vera a donné à des personnages de second ordre, notamment les futurs maris de sa mère qui ne sont jamais devenus des beaux-pères et une grand-mère imaginaire, des rôles si importants que cela lui a permis de survivre à sa manière.
À priori, il n’y a rien de gai dans la vie de Vera. Et pourtant, parce qu’Alice Vieira est passée par là avec sa baguette magique, son sens de l’autodérision et sa connaissance des relations humaines, le livre n’est pas triste. Il est même parfois loufoque. Et pas que ça. Il est émouvant.
Le mariage de ma mère, bien que destiné aux jeunes, est, selon moi, pour tout le monde. Enfin, pour ceux capables de se laisser attendrir par une adolescente qui ne désire qu’une chose, être aimée, et qui, le jour du mariage de sa mère, fera une rencontre qui risque de changer sa vie.
Vous êtes convaincus? Pas encore? Alors, il ne vous reste qu’une chose à faire. Vous filez chez votre libraire ou à la bibliothèque, vous lisez le premier chapitre. Il est certain que ça ne vous suffira pas. Je ne dis que ça.