Une enfance volée
« J’ai un goût violent pour la rêverie. Quand je ne suis pas l’arbitre des disputes de mes parents, je suis seule. Quand je suis seule, je suis tranquille. Je peux rêver. Rêver à un ailleurs où la vie est différente. Mes rêves m’aident à vivre, tant qu’il y aura une ligne de fuite, tout ne sera pas perdu. Je n’ai plus très confiance en mes parents, mais j’ai confiance en mes rêves. » (p.96)
Et ce sont probablement ses rêves qui ont sauvé Dominique Zehrfuss. Car il fallait absolument une échappatoire à cette vie où elle était le caniche de ses parents, comme elle le raconte avec pudeur dans ce récit d’une centaine de pages. Un récit où elle ne s’apitoie pas, où elle constate sans analyser. Où elle jette en vrac tout ce qui a trop longtemps fait obstruction à son propre bonheur d’être une petite fille, ce qu’on ne lui a jamais permis d’être.
Une enfance volée. Une de plus. Par une mère tyrannique et névrosée et un père sans colonne vertébrale. Une enfance inexistante sauf quand la petite fille se met à rêver.
Un récit poignant, qu’on sait venu des tripes. Mais qui n’a rien d’un tire-larmes. Et dont curieusement on sort avec un sourire. Dominique s’en est sortie.