Un secret
Avec pudeur et retenue, Philippe Grimbert relate une part de sa vie dans un roman intimiste où il est le personnage principal, un enfant unique et chétif, qui s’invente un grand frère, fort, physiquement plus proche de ses parents sportifs qu’il ne l’est, une espèce de héros qui est aussi son contraire, qu’il vénère et avec qui il se chamaille. Parce qu’il a du mal à être enfant unique, parce qu’il a besoin d’un frère.
C’est Louise, sa plus proche amie, une vieille amie de la famille, qui lui livrera le lourd secret que portent les siens lorsqu’il aura quinze ans. Un secret qui est à l’origine même de sa propre existence et qu’il vaut mieux taire parce que le désespoir a fait poser à une femme un geste irrémédiable. Cette femme qui a été la première épouse de son père et la mère de Simon, ce frère que le narrateur n’a jamais que rêvé, cette femme dont on ne parle jamais, comme on ne parle jamais de ce fils disparu. Ne reste de lui qu’un petit chien en peluche trouvé au grenier par le narrateur. Mais là encore se fera le silence. L’enfant ne saura jamais à qui était ce chien qu’il traînera partout, a l’image du disparu. Jusqu’à ce que Louise lui raconte graduellement l’histoire des siens.
Avec Un secret, Philippe Grimbert signe un roman troublant, habilement mené, sans effusions inutiles. Même si le geste commis, le secret et ce qui en découlera, ont quelque chose de révoltant.