Lali

Si le roman Les yeux d’Ana Marta avait été classé là où il aurait dû être, soit dans la section jeunesse, je n’aurais probablement jamais mis la main sur ce livre d’Alice Vieira. Et je serais passée à côté d’un grand livre. D’un regard sur une enfance hors du commun, sur des personnages qui le sont tout autant. Entre autres Leonor, l’ange gardien de la narratrice, cette enfant dont on a volé l’enfance et dont on ne saura la raison qu’à la toute fin. Une Leonor comme on en voit probablement que dans les livres, une Leonor aux histoires inventées pour une petite fille que sa mère ne regarde pas, à qui son père offre des poupées de porcelaine avec lesquelles elle ne joue pas, sur qui les regards se posent comme si elle portait sur ses épaules une fatalité dont tous savent l’existence et le poids, sauf elle.

Les yeux d’Ana Marta, un roman sur le regard d’une petite fille et sur tous ces regards qu’on pose sur elle. Émouvant. Terriblement émouvant. À lire même si on n’a pas quatorze ans…