Truffaut, l’homme qui aimait les femmes
Chacun des films de Truffaut m’a marquée à divers titres et pour différentes raisons. Dans chacun, plus que l’anecdote, voire les personnages, c’est le regard du cinéaste qui m’a touchée, émue, bouleversée. Qu’il traite de l’enfance, dans L’argent de poche, de relations amoureuses, dans Domicile conjugal ou Jules et Jim, de septième art, dans La nuit américaine, ou de passion dans La femme d’à côté ou L’histoire d’Adèle H., c’est le regard de Truffaut qui me fascine.
Il possédait cette intelligence du cœur qui laisse de la place à ceux qui visionnent ses films. Des éléments tus, des silences, de l’espace. Et une histoire, et des dialogues, et des moments, des scènes.
Dans L’homme qui aimait les femmes, avec Charles Denner criant de vérité, il livre une partie de lui-même, je crois, car il lui fallait beaucoup aimer les femmes pour leur donner de si beaux rôles. Les Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Fanny Ardant et autres ont défilé. Chacune brillante. Et lui les laissait vivre, entrer dans le personnage, donnant quelques pistes.
Autant les actrices ont passé dans ses films, autant les femmes ont passé dans la vie du héros incarné par Denner. Si bien que, le jour de ses funérailles, il n’y a que des femmes au cimetière.
J’imagine bien quelques hommes qui sont passés dans ma vie dans une telle scène. Non pas celui avec qui j’ai vécu, qui était en rogne contre les femmes en général et ne les aimait pas, mais d’autres. L’homme de mes vingt ans qui sait encore trouver les mots pour me faire rougir. D’autres qui m’ont désirée à des années d’écart, d’autres pour qui je suis restée un rêve, d’autres que j’ai inspirés.
Je préfère les hommes qui aiment les femmes. Je préfère ceux qui apprécient leur intelligence. Je préfère ceux qui savent les mots pour les séduire. Et maintenant, jusqu’à quel point suis-je une femme qui aime les hommes? Ou alors une femme qui aime les hommes qui aiment les femmes?
Voilà la question.