Sur les traces de Simone Routier 1
L’œuvre de la Québécoise Simone Routier (1901-1987) reste trop peu connue, voire méconnue auprès des lecteurs. C’est peut-être la raison qui a poussé la lectrice peinte par Mark Latos à ouvrir son recueil Comment vient l’amour et autres poèmes qui réunit des poèmes extraits de recueils publiés au fil des ans.
« Il ne s’agit pas de faire de Simone Routier l’une de nos contemporaines : sa poésie est marquée au sceau de son époque. Mais on y remarque aussi une constante recherche esthétique, un désir d’innovation, de belles audaces. Et surtout, cette œuvre nous fait entendre une voix authentique, une voix curieuse, avide de vivre et d’aimer, à l’écoute de soi et du monde, malgré les inquiétudes, les doutes et les déceptions qui surviennent au fil de l’existence. Cette poésie continue d’étonner et de séduire », affirme Louise Dupré dans la préface. Ainsi en témoigne ce poème choisi par la lectrice de ce soir :
Comment vient l’amour
Nos yeux s’étaient croisés vaguement par hasard :
Tu m’étais apparu terne, telle une image
Incolore, perdue au fond de mon regard
Qui ne sut rien garder alors de ton visage.
Je te revis plus tard. Cette fois ton profil
Se grava dans mon cœur en médaille ingénue,
Avec ton front hautain, ton sourire subtil
Et le mâle dessin de ta lèvre charnue.
Rêveuse, je me dis qu’il m’eût été bien doux
De toucher tes cheveux et le creux de ta tempe,
De glisser tendrement des secrets chauds et fous
À ton oreille, et, comme en traçant une estampe,
D’attarder mon désir au contour de tes traits…
Alors j’eus nettement l’impression aiguë
De voir soudain l’amour, incisif comme un trait,
Jaillir de ta prunelle en mon âme vaincue.
L’obsession de toi prit mon cerveau dément
Et ta propre pensée afflua dans mes veines,
Me versant un étrange, un sourd enchantement,
Et je subis l’émoi d’une enivrante peine.
Je ne connais absolument pas l’oeuvre de Simone Routier mais je suis admirative devant ses mots.
Son poème est une petite merveille!
Et la toile de toute beauté.
Comment by Denise — 14 décembre 2010 @ 14:34