Poèmes de la mer 3
Marine
Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.
Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,
Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,
On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…
À peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.
L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.
L’ombre est orageuse et chaude;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.
Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.
Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…
Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,
Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…
Fernand Gregh, Cent poèmes de la mer
*choix de la lectrice de Fernand Toussaint
Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.
J’adore cette sensation.
Comment by Maïté — 6 décembre 2010 @ 12:48
Magnifiques mots, magnifiques contrastes, les foins et la mer…
« L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers. »
Comment by Denise — 6 décembre 2010 @ 14:26