Plaisir d’été
J’aime cette liberté qui est mienne.
Celle de ne pas me rapporter, celle de n’en faire qu’à ma tête, celle de ne pas constamment plier, celle de pouvoir improviser. Je n’arriverais plus à vivre autrement. Impossible d’imaginer que je pourrais partager mes oreillers, que je finirais par m’écraser devant la télé. Impossible même d’imaginer que je pourrais calquer mes pas à ceux d’un autre. On dirait de la science-fiction.
Je ne me pose même pas la question de savoir si ça serait meilleur à deux, même si on me dit que c’est le cas. Or, sincèrement, je ne vois pas, mais vraiment pas en quoi mon sandwich à la crème glacée, délice de ma soirée de célibataire et clou de ma promenade sous la pluie, pourrait s’avérer meilleur. Rien à faire, je ne comprends pas. J’ai pourtant tourné le sandwich dans tous les sens, passé la langue sur la glace qui fondait, croqué dans le biscuit et léché mes doigts. Je ne vois pas ce que le partager aurait changé. Il n’aurait vraiment pas été plus savoureux, plus chocolaté, plus vanillé. Et peut-être qu’on aurait volé ce qui aurait coulé sur mes doigts, ce n’est pas de jeu.
Vive la liberté.
Et les sandwichs à la crème glacée à moi toute seule. Non, décidément, ça ne se partage pas.