Les vers d’Éluard 15
La lectrice peinte par Charity Kittler est restée longtemps penchée sur le recueil de Paul Éluard. À boire chacun des mots de chacun des poèmes. Puis elle est tranquillement repartie sur la pointe des pieds en me priant de transcrire ce poème pour vous :
Si calme la peau grise éteinte calcinée
Faible de la nuit prise dans ses fleurs de givre
Elle n’a plus de la lumière que les formes.
Amoureuse cela lui va bien d’être belle
Elle n’attend pas le printemps.
La fatigue la nuit le repos le silence
Tout un monde vivant entre des astres morts
La confiance dans la durée
Elle est toujours visible quand elle aime.
Le cavalier d’argent songe à sa destinée ;
Il s’arrête un instant sur la plaine sans fleurs
Pour entendre les cris des oiseaux querelleurs,
Et voir au loin fumer les humbles cheminées.
Le monde est-il vivant ? Les astres sont-ils morts ?
Le cavalier médite, et compose un poème
Célébrant derechef la bergère qu’il aime ;
Les mots de sa chanson volent au vent du Nord.
Le cheval, cependant, guette les horizons,
Immobile et paisible, observant le silence,
Respirant la douceur de la plaine de France,
Ce noble destrier, plein d’usage et raison.
Comment by Cochonfucius — 31 mai 2015 @ 8:47