Les vers de Nâzim 5
24 septembre 1945
Le plus beau des océans
est celui que l’on n’a pas encore traversé.
Le plus beau des enfants
n’a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n’avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t’ai pas encore dits.
Que c’est beau de penser à toi :
à travers les rumeurs de morts et de victoire
en prison
alors que j’ai passé la quarantaine…
Que c’est beau de penser à toi :
ta main oubliée sur un tissu bleu
et dans tes cheveux
la fière douceur de ma terre bien-aimée d’Istanbul…
C’est comme un second être en moi
que le bonheur de t’aimer…
le parfum de la feuille de géranium au bout de mes doigts,
une quiétude ensoleillée
et l’invite de la chair :
striée d’écarlate
l’obscurité
chaude
dense…
Nâzim Hikmet, Il neige dans la nuit et autres poèmes
*choix de la lectrice de Kathy Weber
« Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n’avons pas encore vécus. »
Merci, Lali !
Comment by Tania — 6 janvier 2012 @ 3:19
Evidemment je ne connaissais pas Nâzim Hikmet, quelle découverte agréable !
Une écriture simple et si sensible ! Rien de péjoratif bien sûr dans ce « simple » que j’emploie au contraire ! c’est ainsi que je le ressens parce que ses mots sont très accessibles je crois … Et puis quelle belle image que cet « autre qui vit en lui, ce bonheur de l’aimer elle »
Comment by Chris — 6 janvier 2012 @ 3:27