Les vers de Joachim du Bellay 8
Le recueil de Joachim du Bellay attendait la lectrice peinte par Will Barnet. Un recueil dont elle a voulu retenir ce poème entre tous :
Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
D’un faible vol au ciel s’aventurer,
Et peu à peu ses ailes assurer,
Suivant encor le maternel exemple.
Je le vis croître, et d’un voler plus ample
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
Percer la nue, et ses ailes tirer
Jusqu’au lieu où des dieux est le temple.
Là se perdit : puis soudain je l’ai vu
Rouant par l’air en tourbillon de feu,
Tout enflammé sur la plaine descendre.
Je vis son corps en poudre tout réduit,
Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit,
Comme un vermet renaître de sa cendre.
C’est un serpent de gueules qui contemple
Boeufs et chevaux au ciel aventurés ;
Il a pour gîte un calice doré,
Chose dont nul autrefois n’eut d’exemple.
Chevaux et boeufs ont un vol assez ample ;
Le vieux serpent, quoique démesuré,
Ne semble pas pouvoir s’en emparer,
Il n’en fera nul sacrifice au temple.
C’est un bouddha de gueules méditant
Sur le retour et la fuite du temps,
Voyant tourner le disque de l’Histoire ;
C’est un bouddha de sinople qui rit
De ce calice où le reptile est pris :
Qu’adviendra-t-il, si le prêtre veut boire ?
Comment by Cochonfucius — 2 avril 2015 @ 8:37