Lali

25 mai 2011

Les vers de Bernard 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

gershon-benjamin-3.jpg

Villes-îles

Montréal comme Paris commence par une île
avec ses ponts et ses couloirs souterrains
avec ses lettres ses messages et ses voies

bientôt le train franchira la destination de ce texte
dans le vide infini de l’imagination

autopsie d’un port oublié
les vocables poignardent les souvenirs
avec un son mat

tels des paparazzi
à dévorer la star des clichés
nous vivons comme un récit
avec l’art de mettre des règles aux symboles

lire de haut en bas
de gauche à droite
mais aussi en profondeur
les fenêtres les murs les êtres

découvrir partout des poèmes
que le réel laisse paraître
dans la forêt des mots
écrits comme l’on rêve
dans la langue des amants

un hymne aux présences innombrables
s’égare dans la ville
se perd dans ses matières
et s’y grave

on transforme le vécu en pensée
et pour ramener l’abstrait à de simples caractères
on en admet l’existence
comme si écrire était seulement
tenter de s’approcher
de ce que l’on pourrait avoir à dire
soi-même

alors le texte inatteignable s’éteint avec soi
quelque part dans l’eau qui fait que la Terre est une île
comme le font en nous les liquides des corps

Bernard Pozier, Scènes publiques

*choix de la lectrice de Gershon Benjamin

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire