Les vers d’Anna 6
Nous nous sommes quittés, c’est fini.
Il est mort, notre feu importun.
Il serait temps pour vous, mon ennemi,
D’apprendre à aimer vraiment quelqu’un.
Je suis libre, moi. Rien ne m’atteint.
Toutes les nuits, ma muse me veille.
Et la gloire clopine au matin,
M’agite son hochet à l’oreille.
Ne vous retournez pas sur le seuil,
Et surtout ne priez pas pour moi.
Le vent noir apaisera mon deuil,
Les feuilles qui tombent sont ma joie.
Oui, je bénis notre séparation,
Oui, j’accueille l’oubli sans tourment.
Et pourtant… à une autre, avoue donc,
Aurais-tu osé en faire autant?
Anna Akhmatova, Anthologie
*choix de la lectrice de Marta Astrain