Les vers de Cécile 2
Le bonheur est mélancolique.
Le cri des plus joyeux oiseaux
Paraît lointain comme de l’eau
Où se noierait une musique.
À l’œil qui s’en repaît longtemps
La couleur des fleurs est moins fraîche;
L’herbe a parfois l’air d’être sèche
Sur le sein même du printemps.
L’allégresse comme un mensonge
Hausse sa note d’un degré
Et l’angoisse au cœur se prolonge
Sous un jour trop longtemps doré.
Cécile Sauvage, Œuvres complètes
*choix de la lectrice du peintre et sculpteur néerlandais Ton Rota