Lali

9 janvier 2012

Le pays de l’absence

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:11

Il y a 25 ans, Christine Orban, qui s’appelait alors Christine Rheims signait un premier roman intitulé Les petites filles ne meurent jamais, un très beau roman que j’avais lu au moment de sa parution, autour d’une jeune femme qui ne veut pas quitter son enfance et à qui sa mère n’avait cessé de répéter cette phrase qui est devenue le titre du roman.

Elle signe aujourd’hui Le pays de l’absence. Un récit poignant qui relate comment l’Alzheimer est entrée dans la vie de sa mère, puis dans la sienne. Comment la maladie a transformé l’une et l’autre. Alors que sa mère glisse doucement dans le pays tranquille de l’oubli où elle pose 50 fois par jour la même question, où tout lui fait peur, où elle se met à inventer pour cacher le fait qu’elle ne se rappelle plus de certains détails, Christine Orban qui a toujours eu des rapports difficiles avec sa mère, laquelle ne l’a jamais prise dans ses bras ou embrassée sauf lorsqu’elle pleurait, est démunie.

Elle se trouve dans une situation qui l’épuise et qui l’attriste. Ce n’est pas parce que sa mère ne lui a pas appris la tendresse qu’elle ne l’aime pas. La mère n’a jamais compris sa fille. Elle a même passé sa vie à lui faire des reproches. Mais Christine Orban n’en est plus à l’heure des regrets, et le bilan sur cette relation complexe a été fait il y a longtemps. Il lui faut maintenant faire face à une situation à laquelle elle n’avait jamais songé : devenir la mère de sa mère et prendre soin d’elle comme on prend soin d’un enfant.

Le pays de l’absence est un beau livre. Émouvant, sans tomber le pathos. Christine Orban ne sait pas laisser prendre au piège. Elle nous offre un témoignage sans fard et sans artifices sur une lente descente à laquelle elle est intimement mêlée, et curieusement, ferme une boucle entamée en 1986 par ces mots publiés en 2011 : « Est-ce que les petites filles peuvent mourir? » Je lui ai posé la question alors qu’elle brossait son opulente chevelure. J’avais cinq ans. « Les petites filles ne meurent jamais », m’avait-elle répondu. Pourquoi m’as-tu menti?

La petite fille est morte alors que la mère en redevenait une.

Un commentaire »

  1. J’ aimerais pouvoir le lire…mais trop entourée par cette sale maladie qui fait tant souffrir …je ne pourrai pas..:-((

    Comment by Mathilde — 10 janvier 2012 @ 6:45

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