Le lecteur dans la pénombre
Il s’est levé sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller sa douce et aller lire au salon. Mais il n’a pas allumé. Il aime bien en même temps qu’il lit jeter un œil à la fenêtre où se bousculent les gouttes de pluie conservant à la pièce cette pénombre des petites heures.
Le lecteur de Hilary Murray Freir a retrouvé le livre laissé là la veille qu’alors qu’ils lisaient tous deux, en parfaite harmonie. Il lit moins vite qu’elle. Or, il sait qu’elle a hâte de traverser cette brique dont il est à la moitié. Mais il n’arrive pas à lire plus vite. Ce livre le plonge dans un sentiment de perplexité, soulève des questions qui font qu’il doit souvent arrêter là sa lecture. Elle devra donc patienter. Heureusement, pour elle, pour eux, il y a encore des centaines de livres à lire, tous alignés dans des rayons à part lors de la mise en commun des livres quand ils ont emménagé ensemble. Les doublons — près de la moitié des titres — sont restés dans des caisses. On ne sait jamais.