Le journal d’Hélène Berr
Ce n’est qu’en 2008 qu’a paru le journal qu’Hélène Berr a tenu entre 1942 et 1944, dont le manuscrit a été déposé au Mémorial de la Shoah (à Paris) en 2002.
Sa parution est d’autant plus importante qu’il existe peu de documents de ce genre, à savoir des journaux intimes tenues par des jeunes Juives, dont les plus connus restent ceux d’Anne Frank et d’Etty Hillesum, vivant toutes deux aux Pays-Bas.
Or, c’est à Paris que vit quotidiennement Hélène Berr, étudiante brillante à la Sorbonne, férue de littérature anglaise, musicienne accomplie et dont la plume promettait un bel avenir, lequel a été brisé par son séjour à Drancy puis sa mort à Bergen-Belsen, à quelques jours de la libération du camp. Un Paris qu’elle relate pour qu’on n’oublie pas, car très vite elle a conscience que l’inévitable finira par arriver et qu’elle ne pourra rien faire contre ça, car tant de gens autour d’elle sont arrêtés, emprisonnés. Tant de gens partent et ne reviennent jamais à mesure que des échos de persécution et de torture viennent aux oreilles de ceux qui sont toujours là. Qui ne fuient pas. En sachant le danger qu’ils courent, mais en tentant de continuer à vivre comme avant, comme si rien n’avait changé, comme si Paris n’était pas occupé, comme si nul ne portait l’étoile jaune. En aidant ceux qui attendent des nouvelles, ceux dont les leurs ont été capturés, battus, tués. En aidant ces orphelins dont on a pris les parents.
Et en même temps, il y a tout le drame intérieur d’Hélène, ses questions, ses sentiments, alors qu’elle relate ses allers et venues, les renseignements qui viennent à ses oreilles, ses lectures. Ce drame qui est celui de l’incompréhension face à tant de haine. Un drame (d)écrit avec beaucoup de finesse et souvent inspiré par ce qu’elle lit (Keats, notamment).
Un autre témoignage, diront certains. Oui, un autre. Mais aussi un autre regard, car il n’y a jamais deux regards identiques sur les choses. Et celui d’Hélène Berr apporte un nouvel éclairage sur un sujet sur lequel on croyait tout connaître. Mais dont finalement nous ne connaissons que les bribes qui sont parvenues jusqu’à nous, d’où l’importance de continuer à publier ce genre de document.
Un livre que je dois ABSOLUMENT lire… qui, en plus d’un témoignage important, semble très bien écrit. A ranger en haut de la liste pour 2011…
Comment by Margotte — 30 décembre 2010 @ 12:48
Il n’y a jamais assez de témoignages. Et je ne suis pas étonnée de retrouver là une préface de Patrick Modiano.
Comment by Maïté — 30 décembre 2010 @ 13:46
Peu de temps après ton billet, Lali, j’ai lu ce témoignage poignant d’Hélène Berr dont la force intérieure s’impose et force l’admiration. Me sont revenues alors, les mêmes émotions qu’à la lecture du journal d’Anne Franck, découvert à l’adolescence.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/12/10/helene-berr-une-jeune-fille-dans-paris-occupe_3526720_3246.html
Lien du documentaire ( durée 1h25 )
http://www.france2.fr/emissions/infrarouge/videos/92844110
Comment by Chantal — 11 décembre 2013 @ 11:29
Précision, à la fin du générique, qui n’apparaît pas sur cette rediffusion du documentaire :
» Les neveux et nièces d’Hélène BERR sont réunis en une Association, pour la mémoire d’Hélène BERR, qui poursuit des actions en faveur de l’enfance défavorisée et d’initiatives culturelles et musicales «
Comment by Chantal — 11 décembre 2013 @ 11:55