Le jardin de Medjé Vézina
La lectrice de Johan Bernhard De Hoog a été ensorcelée par les mots de Medjé Vézina, découverte par hasard dans l’anthologie La poésie québécoise et publié pour une première fois dans Chaque heure a son désir dont il est mention ici. Ensorcelée, vous dis-je. Le serez-vous aussi?
Jardin sous la pluie
Que je t’aime ce soir, musical Debussy,
Ô clair évocateur de ces jardins exquis
Où l’urne d’un nuage vient abreuver les roses.
Il pleut sur le jardin; les papillons moroses
Dorment leur cauchemar où veille le regret.
Le bolet, frissonnant dans l’air devenu frais,
Rabat son capuchon. Faisant un bruit de soie,
Les tiges sont des bras où circule la joie.
L’heure a tu le cri vert des oiseaux persifleurs.
L’arbuste, dont l’épaule est un amas de fleurs,
Secouant ses parfums, comme une oreille, écoute
Vibrer les entrechats de la nombreuse goutte.
L’herbe qui méprisait le soleil outrageant,
Se voit envelopper dans un ballet d’argent.
Ah! la ronde de joie où la feuille chavire!
Emmêlement d’odeurs, de frissons, de délire!
Un pétale fléchit, se renverse épuisé,
Petite bouche ayant reçu trop de baisers.
Car le cœur de la pluie est bien loin d’être sage!
L’allée et le gravois, le sol, le paysage
Croient voir se jouer un opéra libertin.
Mais la pluie inlassée assaille le jardin,
Où le désordre fou de ses pas qui s’embrouillent
Fait crever de plaisir la vasque et les gargouilles.
Cette évocation d’un jardin sous la pluie est impressionnante. J’en perçois la fraîche humidité et j’en frissonne.
Désolée de ne pas venir aussi souvent sur ton blog Lali, mais le temps me fait cruellement défaut.
Sois assurée malgré tout de mes fidèles lectures silencieuses…
Comment by Cat — 26 juillet 2008 @ 7:44
J’adore « Jardin sous la pluie ». Comme c’est beau « Un pétale fléchit, se renverse épuisé, Petite bouche ayant reçu trop de baisers. »
Comment by Denise — 26 juillet 2008 @ 8:59