La fille de l’imprimeur est triste
Je suis restée sur ma faim. Exactement comme ça peut arriver devant une belle assiette bien décorative dont on avale le contenu en trois bouchées en se disant que c’était bien joli, bien bon, mais trop peu. Pourtant, le troisième roman de Nicolas Gilbert portait en lui de belles promesses.
Deux François Meunier au visage identique, séparés par 150 ans, le premier déporté après avoir tenté de tuer le roi, le deuxième bien de son époque, c’est-à-dire en quête de lui-même, tels sont les personnages que nous offre l’auteur qui a décidé de jouer avec l’Histoire.
Nous allons donc d’un François à l’autre, le plus jeune découvrant l’existence de son homonyme au hasard d’une exposition de daguerréotypes. C’est d’ailleurs des deux François l’exilé le plus intéressant des deux par la vie qu’il mène de son acte manqué à sa traversée des États-Unis en pleine guerre de Sécession après de nombreuses années passées à La Nouvelle-Orléans, alors que l’autre a une petite vie beaucoup moins trépidante, même s’il quitte son emploi pour s’installer en pleine campagne.
Les mêmes prénoms pour les personnages gravitant autour des François et auxquels l’auteur a choisi de donner des rôles semblables, nous donnent à penser que l’histoire toujours se répète. Et probablement que là était le but, voire la destination, de Nicolas Gilbert en nous présentant en parallèle ces deux vies, ces deux François Meunier qui échoueront au même endroit.
J’aurais souhaité autre chose que cet exercice de style. Même s’il est réussi. Savoir s’il y a un lien entre les deux François? Peut-être. Mais je ne le saurai jamais. Cela fait partie de ce que Nicolas Gilbert a choisi de taire après nous avoir laissé croire que, peut-être, nous allions savoir la vérité en fermant le roman, lequel demeure tout de même un très bon moment de lecture.