Françoise et son étoile jaune
D’aucuns prétendront en voyant le titre de ce livre qu’il s’agit encore d’un livre sur la résistance. Oui, encore, ai-je envie de dire en ajoutant à leur intention, face à leurs soupirs de lassitude, que chaque témoignage, chaque histoire, chacun de ceux qui se sont battus est unique et apporte un regard neuf. Oui, encore, bien que les pages du journal de Françoise Siefridt constituent un morceau d’histoire que je ne connaissais pas (les amis des Juifs qui, bien que chrétiens, ont arboré l’étoile jaune) ou en surface (Drancy).
Or, le journal de Françoise Siefridt occupe moins de la moité du livre. En effet, la très solide préface signée Jacques Duquesne où il raconte avec minutie et force détails le rôle de l’Église et des membres du clergé, qu’ils soient curés de campagne ou cardinaux, occupe près d’une centaine de pages. Une préface peut-être un peu longue, avouons-le, mais qui a le mérite de faire un grand tour de la question chrétienne face à la montée du nazisme et de l’antisémitisme et devant l’application de lois brimant les droits des Juifs étrangers vivant sur le sol français.
Le journal, tenu presque au jour le jour durant les trois mois de captivité de Françoise Siefridt, débute en juin 1942 alors qu’elle est arrêtée pour avoir arboré une étoile jaune où elle a écrit « Papou » et retenue au commissariat pour quelques nuits. Par la suite, ce sera le camp des Tourelles puis Drancy. Dans chacun de ces endroits, elle tient son journal, un journal à la fois sobre et factuel (comme si le moindre fait, le moindre chiffre, tout ce que la mémoire finit par gommer devait être retenu) et plein d’émotions devant l’impuissance, d’une part, et l’horreur, d’autre part.
Un livre pour ceux qui s’intéressent à ce sujet et qui se demandent peut-être : Et l’Église dans tout ça? Un livre qui répond en grand partie à cette question tout en nous apportant le témoignage tout simple mais touchant d’une jeune femme de 19 ans qui n’imaginait pas qu’un geste de solidarité et en même temps de provocation la mènerait là où il l’a menée : aux portes de l’horreur. La porte suivante, dont elle a été exemptée, était Auschwitz.
J’aime bien ce genre de témoignage, cela montre que le courage dans ces temps difficiles a été du côté des individus et jamais du côté des institutions, quand on voit le courage du Danemark, de son roi et de ses habitants on se sent un peu misérable !
Comment by Dominique — 1 décembre 2010 @ 4:37
Ces témoignages précieux et toutes précisions historiques ont valeur de devoir de mémoire et ils nous concernent tous.
Très beau billet, Lali, merci, j’inscris ce livre pour mes prochaines lectures.
Bonne journée! Bisous un peu frais. Sourire
Comment by Chantal — 1 décembre 2010 @ 5:19
un témoignage intéressant pour le devoir de mémoire.Alors que j’écoutais ce matin une émission sur France Culture au sujet du procès d’Eichmann, lui qui déclarait qu’il aurait eu le courage de résister si ON(la hiérarchie) le lui avait demandé!!!!!!!!
Je suis d’accord avec Dominique: le courage est une affaire individuelle et non d’institution Et le témoignage apporté par ce livre le montre bien.
Merci.
Comment by Maïté — 1 décembre 2010 @ 12:49